Les "anarcho-autonomes" sont-ils prêts à prendre les armes ? La question semble hanter les médias depuis la mise en examen de plusieurs personnes qui seraient issues de cette mouvance, dans le cadre de l'enquête sur les sabotages de TGV.

Dans un article publié le 24 novembre, le site associatif de critique des médias Acrimed pointe du doigt un "tripatouillage" de France Inter à ce sujet. Dans le journal de 13 heures du 22 novembre, le journaliste Denis Astagneau proposait un "scoop" : le témoignage d'un "ultragauchiste" qui "n'exclut pas la lutte armée". Il s'agissait d'un extrait d'entretien mené par le journaliste Thomas Chauvineau et diffusé un peu plus tôt dans la matinée, dans l'émission "Eclectik". Acrimed retranscrit le dialogue tel qu'on pouvait l'entendre dans le journal d'Astagneau, qui se conclut par l'échange suivant :

"- Thomas Chauvineau: Dans la bibliothèque, là y’a un livre d’Auguste Blanqui, qui s’appelle Maintenant il nous faut des armes, est-ce que ça passe aussi par ça?

- Bertrand: C’est une hypothèse politique…"

Sauf que, dans le reportage diffusé plus tôt sur Eclectik, l'entretien ne s'arrêtait pas là, relève Acrimed. Juste après que "Bertrand" évoque une "hypothèse politique", un autre militant précise : "Des armes, ça peut être une arme psychologique, enfin c’est avoir une pensée, une réflexion, avoir des références, faire des lectures…". Une troisième ajoute : "Clairement, on ne prône pas la lutte armée. Justement, quand on faisait… on regarde les erreurs du passé, on regarde les erreurs de la RAF, ou des brigades rouges qui se sont mis en groupuscule armé, ça non."

Ecoutez l'interview (la première personne à intervenir est Bertrand, le jeune homme présenté comme un militant d'ultra-gauche) :

Interventions qui changent considérablement le sens du propos. Astagneau a apporté dans la soirée un correctif, note enfin Acrimed, qui retranscrit l'explication du journaliste : "Vous avez peut-être entendu dans le journal de treize heures l’interview d’un militant de l’ultragauche , c’était un extrait d’un reportage de Thomas Chauvineau pour l’émission Eclectik de Rebecca Manzoni. Dans cette interview ce militant parlait d’armes, mais il s’agissait vous l’aviez compris d’armes politiques ou psychologiques. Certains l’ayant mal compris, il convenait de le préciser."

Pour suivre à la trace les aventures des enquêteurs-journalistes dans l'affaire des sabotages de TGV, retrouvez notre dossier : "Ultra-gauche contre TGV".