Heureusement, pour sa présidence française garantie 0% arrogance, Sarkozy a un allié de poids : Jean-Pierre Elkabbach. En ce premier matin clair du Glorieux Semestre, Elkabbach se démultiplie. S'il pouvait se couper en vingt-sept ! Il est partout. D'une main, il interviewe le designer d'en bas Philippe Starck, directeur artistique de la présidence française, (l'homme qui a fait livrer des cravates aux femmes députées) créateur d'une pièce de deux euros, frappée à vingt millions d'exemplaires, et destinée à célébrer (en toute modestie) la présidence française : alors, les douze étoiles, où les avez-vous casées ? Et le 8 de 2008, il ne dépasse pas un peu, non ? Encore un mot, pour détailler les (humbles) présents prévus par la France aux vingt-sept chefs d'Etat européens : un logiciel de lecture de DVD (avec 27 films français à l'intérieur), et un livre électronique fabrication française (avec 27 livres français dedans). Mais Starck répond en vitesse : le directeur artistique de la présidence française est aussi ostréiculteur, et il doit aller s'occuper de ses parcs à huîtres.

De l'autre main, l'intervieweur d'Europe 1 tente de circonscrire l'incendie polonais, en appelant au téléphone le vétéran de Solidarnosc, Bronislav Geremek. Alors, ce refus du président polonais de ratifier le traité de Lisbonne ? C'est vraiment sérieux ? Mais non, minimise Geremek. Sur le processus de ratification, le président n'a pas le dernier mot. Il a seulement, disons, le dernier mouvement de plume. Soupir rassuré d'Elkabbach. Ce n'est rien, un mouvement de plume. Rien qu'un souffle de vent dans les bois de bouleaux. Ce n'était, comme d'habitude, qu'une incompréhensible foucade, de ces Polonais qui se livrent à leurs querelles politiques sur le dos de l'Europe.

Tout va bien. Avec des parrains comme Elkabbach, la présidence française-0%-arrogance-que-le-monde-nous-envie n'a pas besoin d'adversaires.