C'est la faute aux terroristes, ou à François Hollande. Hier sur twitter, Jean Quatremer se réjouissait de participer à l'émission Mots Croisés de France 2, qui devait être consacrée au traité européen. "Ca va être chaud", prédisait-il. Mais cela n'a pas été le cas, l'émission a été annulée, coup de filet antiterroriste oblige :

Nouvelle déconvenue aujourd'hui. Libération devait faire sa Une de son édition de mercredi sur le traité européen, mais là aussi, c'est annulé. Quatremer soupçonne dans un premier temps le nouveau Nobel de physique, un Français :

Erreur ! L'annulation de la Une TSCG est liée à François Hollande :

Contacté par @si, Jean Quatremer revient sur ces deux déconvenues. D'abord, France 2 : "J'ai été prévenu de l'annulation de l'émission hier en début d'après-midi alors que j'avais déjà prévu mes billets de train. Ils se sont excusés, l'équipe de Mots Croisés était très embêtée, ils m'ont laissé un message sur répondeur, un SMS et un mail. J'ai eu le sentiment que ça venait de la direction de la rédaction de France 2." Logique : le terrorisme avec des barbus sans barbe est plus vendeur que l'Europe.

Quant à Libération, Quatremer explique que la Une sur le TSCG "saute en raison du discours de Hollande sur l'éducation". Ce qui peut se comprendre "car il y a beaucoup de profs parmi les lecteurs de Libé". Le journaliste déplore tout de même le "double langage des lecteurs et des téléspectateurs qui râlent car ils ne sont pas informés sur l'Europe", alors que "lorsqu'on parle d'Europe, c'est une catastrophe" en terme de ventes et d'audimat.

Des baisses de vente même à Libé ? "C'est très variable. Pendant la crise grecque, au moment du référendum, des Unes se sont bien vendues. Mais dans les rédactions, il y a l'idée que ces Unes sur l'Europe ne marchent pas. C'est une forme de pensée unique des rédacteurs en chef", estime Quatremer, qui n'a jamais vérifié les chiffres de vente. Mais c'est systématiquement l'argument qui lui est avancé pour justifier l'absence de Une sur l'Europe. Et encore, la situation serait un peu meilleure aujourd'hui : "Entre Nicolas Demorand [actuel directeur de Libé] et Laurent Joffrin [ancien directeur], il y a eu un changement, Demorand ose sur l'Europe." Mais pas cette fois-ci, donc. Pour l'édition publiée demain, Quatremer était chargé d'une interview de Bernard Cazeneuve, ministre délégué en charge des Affaires européennes. Il devra la raccourcir (la version longue sera publiée sur son blog). En revanche, il y aura bien un papier politique sur le TSCG, et seul le papier "technique" devrait manquer.

D'une manière générale, Quatremer regrette que l'Europe ne soit bien traitée dans les médias que lorsque "ça devient un sujet de politique intérieure". Un problème de lectorat donc, mais pas seulement : "C'est aussi une paresse journalistique", conclut le correspondant de Libé. Message reçu ?

Mise à jour 17h : L'interview avec Bernard Cazeneuve est finalement remplacée par une interview de José Bové (avec qui Quatremer avait réalisé un livre d'entretiens).

Si vous n'avez rien compris au TSCG, mais que vous voulez faire mentir Quatremer sur les lecteurs capricieux, lisez la chronique d'Anne-Sophie Jacques sur le pacte budgétaire.