Cette fois, c'est engagé. En estimant sur RTL que les propos de Sarkozy sur les ressemblances entre chaines publiques et chaines privées sont "faux, stupides et injustes", en disant que financièrement "le compte n'y est pas", Carolis, après six mois de silence, s'est enfin insurgé contre la démolition sarkozyenne du service public de la télé, entreprise depuis janvier. Ses propos les plus forts sont ici |
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Il était temps.
On comprendra que la phase finale du bras de fer, qui s'engage
aujourd'hui, me laisse partagé. Si nous sommes ici, sur ce site, c'est
parce que Carolis a supprimé l'an dernier de France 5 une des émissions
qui étaient les plus emblématiques du service public, et l'a
précisément supprimée parce qu'elle était indocile, et indépendante. Il
vient d'ailleurs de récidiver, en supprimant d'un trait de plume, en
pleine tempête, L' Hebdo du médiateur de France 2, autre
émission-marqueur de la différence public-privé.
En outre, l'honnêteté force à reconnaitre que les critiques de Sarkozy sont, hélas, justifiées. La différence, la nécessaire différence entre public et privé, est bien trop peu évidente aujourd'hui, pour justifier le paiement de la redevance. Et ce n'est pas parce que Sarkozy embouche cette trompette-là, pour les raisons qui sont les siennes, que nous allons cesser de le dire ici.
Malgré tout, il faut soutenir Carolis. Il faut le soutenir, parce que la pérennité de cet outil fabuleux qui s'appelle la télévision de service public, est indispensable. Oui, l'utilisation qui en est faite, depuis des années, n'est pas enthousiasmante. Oui, elle s'est trop souvent montrée servile avec le pouvoir, accomodante avec les modèles dominants, soumise à l'audience. Mais la supprimer, c'est laisser le terrain libre à Bouygues et Bolloré. Restera toujours Internet ! me répondrez-vous. C'est vrai. Et ce n'est pas ici, que je vais dire le contraire. Mais la population, dans son immense majorité, n'est pas encore prête à venir s'informer, se cultiver, se distraire sur Internet, média moins facile d'accès, moins adapté aux paresseux.
A moyen terme, en attendant que les générations Internet conquièrent la pyramide des âges, nous avons besoin d'une télévision publique forte. Et pas une télévision idéale-étalon, modèle ARTE, se satisfaisant de sa confidentialité. Non. D'une télé publique conquérante, visant sans honte, à sa manière, le grand public, les foules des gares, pour diffuser les modèles, les valeurs, opposées au bling-bling et à la marchandise.
Le maintien de cet outil, aujourd'hui, passe par le maintien en poste de Patrick de Carolis. C'est triste, c'est peu enthousiasmant, ne croyez pas que cela me réjouisse, mais c'est ainsi.
Quand les blés sont sous la grêle, fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles, au coeur du commun combat
(Aragon)
Que Carolis soit acculé à la démission, et l'on plonge dans l'inconnu. Je ne sais pas ce que nous pouvons faire, ici, ni comment nous pouvons le faire. Mais je sais qu'il faut le faire. Toutes vos idées seront les bienvenues.
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