L'édito de Val, rédacteur en chef de Charlie, est titré "Antisinétisme". Il reproche aux journalistes d'avoir relayé "les rumeurs les plus aberrantes", et d'avoir "allumé le feu dans une savane d'opinions dont l'inflammabilité devrait nous alerter". Il retrace l'affaire épisode par épisode : "Je n'ai lu [la chronique de Siné] en détail que huit jours après publication (...) J'ai demandé à Siné de lever les ambiguïtés sur ces propos, qui étaient au nombre de trois. (...) Après avoir accepté, Siné a finalement refusé de le faire en arguant que lui avait des couilles", détaille-t-il.

Val reprend également une citation de Siné, datée de 1982 : "Antisémite, Siné ? Ce n'est pas à moi d'en juger. Mais au lendement de l'attentat de la rue des Rosiers, en 1982, c'est lui-même qui déclarait sur la radio Carbone 14 : « Je suis antisémite et je n'ai plus peur de l'avouer. Je vais faire dorénavant des croix gammées sur tous les murs. (...) » ". Comme l'avait noté @si, Philippe Cohen offre dans Marianne 2 une version plus complète de cette citation, où le dessinateur précise : "Je suis antisémite depuis qu'Israël bombarde. Je suis antisémite et je n'ai plus peur de l'avouer. (...)"

Le rédacteur en chef de Charlie conclut : "Cher lecteur, après ces deux semaines où j'ai la sensation d'avoir ramé dans un océan de merde, j'avoue ma lassitude. Mais je suis sûr d'avoir été fidèle à nos valeurs communes, et c'est ma consolation."

Lassitude exprimée aussi par Cavanna, co-fondateur de l'hebdomadaire. S'adressant à Siné, il regrette : "Tous ces cons qui t'encensent, ça te monte à la tête, te voilà martyr. Martyr de quelle cause ? D'un malentendu monté en mayonnaise. Tu vas m'envoyer chier mais tu sais que j'ai raison. Tu es plus intelligent encore que tu n'es malin, tu en jouis mais tu n'es pas dupe. Moi, je te regrette. Tout ça me rend triste, infiniment."