"Sauvetage" : 30 ans de technocratie (presse grecque)
Autosatisfaction. C'est le sentiment qui dominait ce week-end dans la sphère médiatique et politique, gouvernement grec en tête. A l'instar de Jean Quatremer qui écrit vendredi que "l'UE sauve la Grèce au forceps", le premier ministre (socialiste) grec George Papandreou et son ministre de l'économie n'ont pas caché leur contentement. Ta Nea, grand journal de centre-droit, rapportait les propos de Papandreou, satisfait d'avoir "évité le cauchemar de la faillite". Le premier ministre a rappelé que la Grèce a "fait de grands sacrifices" et évité une chute dans l' "abysse". De son côté, le ministre de l'économie Evangelos Venizelos, toujours cité par Ta Nea, a qualifié le système bancaire grec comme "le plus sûr d'Europe". "Saignée du peuple grec pour 30 ans" Différence de son de cloche dans la presse grecque de gauche ce vendredi 22 juillet. Dans le quotidien de centre gauche To Vima, l'éditorialiste Antonis Karakousis se veut plus nuancé que le gouvernement grec. Il prend acte du "saut en avant vers la gestion de la dette", mais pointe du doigt les "points obscurs" du plan, soulignant la rigueur budgétaire et les effets secondaires devastateurs qu'elle pourrrait avoir sur la croissance et l'emploi. |
Et de conclure sur une touche de prudence peu entendue chez nos dirigeants européens: "l'économie grecque rentre dans une pédiode de restructuration, dont personne n'est en mesure de prévoir les résultats."
Mise sous tutelle. Conclusion plus tranchante dans le quotidien de gauche Eleftherotypia (qui serait l'équivalent de Libé en Grèce). La journaliste Eleni Kostarelou évoque un "tunnel pour au moins 30 ans" pour le pays. Elle souligne la teneur idéologique de la décision de ce sommet: "Avec toutes les parties qui reculent, mais surtout le gouvernement grec, les européens et le FMI ont décidé que le plan de sauvetage (?) n'avait qu'une seule issue". Et de critiquer l'intervention du FMI, l'absence de taxation des banques et les taux d'intérêts trop élevés pour espérer un retour de la croissance. Conclusion de l'éditorialiste: la grèce est mise sous tutelle. "La seule certitude pour l'heure, c'est la multitude des technocrates européens et américains qui se préparent à s'installer en Grèce pour les 30 prochaines années."
(Par Alexis Bellas)
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