Pourquoi s'en prendre ainsi à une PQR déjà très affaiblie, interroge Pascal Lainé. Le billet énervé de Cohen ne sort pas de nulle part : les journalistes nationaux avaient été vivement critiqués quelques jours plus tôt par Jean-Marc Ayrault. À l'occasion d'un congrès sur le logement à Rennes le 25 septembre, le Premier ministre avait vivement réagi face aux questions concernant l'éventuel départ du gouvernement de Cécile Duflot. "Je trouve assez ridicule que vous veniez ici, à Rennes, non pas pour poser des questions sur la priorité nationale qu'est celle du logement mais que vous vous intéressiez toujours aux couloirs de la politique", avait lancé Ayrault. Visant explicitement les quotidiens nationaux, il avait vanté le "travail et le sérieux" de la presse régionale.

Piqué au vif, Patrick Cohen brandit donc quelques titres dérisoires de la presse régionale. Il remercie ironiquement Ayrault de saluer les journalistes qui traitent des "questions de fond" pour esquiver des questions plus embarrassantes.

Pas content, Cohen :

Pas content non plus, le journaliste du Pays, qui ne goûte pas vraiment le mépris de la star de France Inter. Dans sa lettre ouverte, il rappelle que la presse régionale représente 6 000 journalistes. Il pointe la fracture entre journalistes parisiens et provinciaux, et rappelle que chacun revendique d'être au plus près des vraies questions. "Sais-tu enfin, cher Patrick, que croiser ses lecteurs (ou ses auditeurs pour les copains de France Bleu) tous les matins en achetant son pain, ça donne un sacré sens des responsabilités ?", interroge le journaliste, accusant son confrère d'être "enfermé dans la maison ronde". Lainé le confesse, Cohen l'a "gonflé grave", mais il n'est pas rancunier : il lui propose de venir passer quelques jours dans sa rédaction locale, au milieu du commun des mortels et de ses "camarades plumitifs en sabots".

(Manon Prigent)