Pédophile espagnol : "retards" dans la distribution du Monde au Maroc
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Pédophile espagnol : "retards" dans la distribution du Monde au Maroc

L'erreur proviendrait du palais royal marocain. C'est ce que réaffirme El Pais aujourd'hui concernant la grâce du pédophile espagnol Daniel Galvan accordée par le roi du Maroc Mohamed VI il y a quelques jours. Le #DanielGate a généré de nombreuses manifestations au Maroc, réprimées par le régime, selon les journaux marocains. Le quotidien espagnol El Pais publie aujourd'hui une enquête sur les détails de la bavure. La version de El Pais souligne la rivalité entre le roi du Maroc et le parti au gouvernement : le parti de la justice et du développement (islamistes modérés).

"Daniel Galvan Vina a été surpris le 30 juillet, lorsque le directeur de la prison de Kinatra au Maroc lui a annoncé qu'il avait été gracié par le roi et qu'il était libre" écrit aujourd'hui El Pais. En effet, le pédophile, condamné à 30 ans de prison en 2011, avait écopé de la plus lourde de peine dans l'histoire du Maroc pour des faits de pédophilie. Comment un pédophile condamné pour le viol de 11 enfants marocains a-t-il été gracié par le roi? El Pais revient sur les détails d'un cafouillage au sein du palais royal au Maroc.

Mi-juillet, le roi d'Espagne Juan Carlos Ier se rend au Maroc. Lors de son séjour, il aurait demandé au premier ministre un transfert de prisonniers, mais seulement pour un des ressortissants espagnols internés au Maroc. Il s'agirait d'Antonio García Vidriel, un routier à la retraite, souffrant et incarcéré dans une prison de Tanger.

Toutefois, le roi du Maroc n'aurait pas apprécié que cette manoeuvre soit conduite au niveau du cabinet du premier ministre. En effet, les rivalités entre le gouvernement et le palais royal sont de plus en plus délicates au Maroc. Le roi doit cohabiter avec le parti de la justice et du développement, des islamistes modérés, qui ont gagné les élections de 2011 et bénéficient d'une constitution leur offrant plus de pouvoir depuis lors. Ainsi, le conseiller royal Fouad Ali el Himma, considéré comme le vice-roi du Maroc selon El Pais, aurait contacté l'ambassadeur espagnol à Rabat, Alberto Navarro, en lui exprimant le mécontentement du roi et affirmant que Mohammed VI était également compétent en matière pénale.

Les autorités espagnoles auraient alors vu dans cette rivalité "une occasion en or" pour accélérer les processus de transfert de prisonniers ou de grâce royale. Ainsi, en collaboration avec 7 consulats espagnols du Maroc, l'ambassadeur Navarro aurait préparé une liste de 30 prisonniers transférables en Espagne.

Parmi les détenus, figuraient ainsi Daniel Galvan Vina, le pédophile de 63 ans, et Antonio Garcia Ancio, le fils du routier retraité, condamné à 10 ans de prison pour avoir été surpris en possession de 9 tonnes de hachich. Une seconde liste suggérait la grâce de 18 personnes. Mais le palais royal du Maroc aurait fusionné les deux listes, selon El Pais, constituant ainsi une unique liste de 48 prisonniers à libérer, sans distinction.

pictoUne du quotidien espagnol La Razon du 6 août 2013

Toutefois, cette version développée par El Pais, et élaborée à partir de sources diplomatiques, est directement contredite par un communiqué du palais royal marocain diffusé le 6 août. C'est ce qu'affirme le site internet marocain Lakome qui titre son article : "DanielGate: Qui croire? La Maison royale espagnole ou le cabinet royal marocain?". Le communiqué soutient que lors de son voyage, le roi Juan Carlos Ier aurait directement demandé la grâce des 48 prisonniers l'ayant ensuite obtenue.

Editorial critique : le Monde censuré au Maroc ?

Les remous suscités au Maroc par la libération du pédophile ont également fait les gros titres de la presse française. Ainsi Le Monde signait aujourd'hui un éditorial "Le dangereux faux pas du roi du Maroc". Cette édition aurait tout simplement été censurée par le régime marocain selon le site internet indépendant Lakome.com, qui reproduit pour la cause l'éditorial du journal. Le quotidien français était introuvable dans les kiosques marocains aujourd'hui. Le ministre marocain de la communication a démenti la rumeur à l'AFP dans l'après-midi, tandis que la direction du Monde a assuré qu'il y avait eu "d'importants retards" dans la distribution, sans exclure la possibilité d'une interdiction "comme c'est arrivé dans le passé" selon l'AFP.

Editorial du Monde du 6 août 2013 "Le dangereux faux pas du roi du Maroc"

Par Mathilde Gracia

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