"N'utilisez pas la Grèce" (Krugman aux républicains US)
Brève

"N'utilisez pas la Grèce" (Krugman aux républicains US)

Quand allons-nous comprendre que l’austérité imposée en Grèce et en Europe conduit droit dans le mur ? C’est en substance la question posée par Paul Krugman, éditorialiste du New York Times. Dans une chronique publiée dimanche et traduite hier par la RTBF, l'économiste exhorte les Etats-Unis à ne surtout pas prendre modèle sur l'austérité menée en Europe.

Si Krugman se réjouit de la faillite grecque "ordonnée", il précise que "l'histoire est loin d'être terminée". En effet, ce week-end, le sort de la dette grecque en était jeté. Qui sont les gagnants ? Les banques grecques et européennes affirme le CADTM, Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde. Pas du tout estime quant à lui le banquier d’affaires Georges Ugeux : les créanciers privés l’ont dans l’os de 150 milliards d’euros. En revanche, à la question qui sont les perdants, la réponse fait l’unanimité : les Grecs.

L’avis est partagé par Krugman qui dénonce une politique d’austérité mortifère. L’économiste rappelle la déclaration de Jean-Claude Trichet, en juin 2010 : "Cette idée selon laquelle des mesures d'austérité pourraient déclencher une stagnation est incorrecte" et il ajoute que le président de la Banque Centrale Européenne "insistait, au contraire, sur le fait qu'une discipline fiscale inspirerait confiance et que ceci conduirait à une croissance de l'économie." Où en est-on aujourd’hui ? "Dans une situation très critique. De plus en plus de preuves attestent que l’austérité est intrinsèquement vouée à l'échec même en termes fiscaux purs, à cause du mélange de la chute des recettes dûe à une économie déprimée et des perspectives d'avenir à long terme inquiétantes qui réduisent la confiance du marché et rendent le poids de la dette future encore plus difficile à supporter."

Pourquoi Krugman se fait si insistant ? Parce qu’actuellement la Grèce sert d’épouvantail agité par les Républicains en pleine campagne présidentielle : "il est temps de cesser d'utiliser la Grèce comme une mise en garde contre les dangers des déficits; d'un point de vue américain, la Grèce devrait plutôt être envisagée comme une mise en garde contre les dangers que comportent une réduction trop rapide des déficits, alors que l'économie est encore fortement déprimée."

L’économiste s’en était déjà ému dans une récente chronique, dénonçant deux (faux) discours sur la Grèce : "le récit républicain et c'est l'un des thèmes centraux de la campagne de Mitt Romney – (qui) veut que l'Europe ait des problèmes car elle en a trop fait pour aider les pauvres et les moins chanceux, et que nous assistons aux derniers souffles de l'état Providence" et le récit allemand, "basé sur l'irresponsabilité fiscale. Cette histoire semble coller à la Grèce mais à personne d'autre. Conclusion : "l'hellénisation de notre discours économique, qui veut que nous soyons tous à un an ou deux de déficits avant de devenir une autre Grèce n'est pas du tout pertinente."

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