Little Broken Hearts est le nom du tout dernier disque de Norah Jones qui vient de sortir :
Sa pochette est la copie de l'affiche de Mudhoney, un film de Russ Meyer daté de 1965 :
Cette bobine fut diffusée en France sous un titre un tantinet évocateur, Le désir dans les tripes. En Belgique, pays de la retenue, on l'intitula plus sobrement Esclave de ses passions.
Nous sommes loin, très loin de l'univers feutré de Norah Jones ! Alors, pourquoi ce choix ? L'explication est donnée dans le communiqué de presse accompagnant la sortie de ce disque :
"Jones drew the inspiration for the album cover from the vintage movie posters that adorn Burton’s Los Angeles studio. “Brian has this great collection of Russ Meyer posters in his studio,” explains Jones, “and this particular one, called Mudhoney, was right over the couch where I sat every day. I always was looking at it and thinking ‘that’s so cool I want to look like her!’ I remember staring at the poster the whole time we made the record. It’s a great visual.”
"Pour la couverture de son album, Jones s'inspira d'une des vieilles affiches de films qui ornent les murs du studio de Burton [son producteur]. «Brian avait cette collection d'affiches de Russ Meyer dans son studio», explique Jones, «et l'une d'elles, Mudhoney, était pile en face du canapé dans lequel je m'asseyais tous les jours. Je la regardais tout le temps et pensais qu'elle était trop cool et que j'aimerais ressembler à la fille. Je me souviens avoir fixé cette affiche pendant tout le temps de l'enregistrement du disque. C'est un chouette visuel.»"
Chouette visuel, ouiche. Profitons-en pour admirer les affiches de quelques autres films de Russ Meyer :
Faster, Pussycat! Kill! Kill!, 1965
Mondo Topless, 1966
Vixen, 1968
Beyond the valley of the dolls ou Hollywood Vixens
en français La vallée des plaisirs ou Orgissimo, 1970
SuperVixens, 1975
MegaVixens, 1976
UltraVixens ou Beneath the Valley of the Ultravixens, 1979
Nan mais qu'est-ce que c'est que ces films ? Du porno ? Oui et non. Dans les films de Russ Meyer, peut-on lire sur le site rayonpolar.com, c'est "l’excès en tout, en anatomies féminines, en situations incongrues ou invraisemblables, en dialogues crus, en images baroques, en angle de prises de vues improbables, en cuts nerveux et illogiques. Autant d’éléments qui fondent une politique d’auteur tout en disqualifiant ceux qui n’ont voulu voir en Russ Meyer que l’image d’une paire de seins démesurée, que le roi de la sexploitation".
En clair, Russ Meyer c'est Bip-Bip et Coyote au pays des Grôlôlôs. Car il y a autant d'explosions et de courses-poursuites dans ses films qu'il y en a dans un dessin animé de Chuck Jones. Mais il y a plus de grôlôlôs. Beaucoup plus. Russ Meyer, c'est le roi des seins animés.
Norah Jones est-elle allée plus loin que les affiches ? A-t-elle regardé l'un des films de Russ Meyer ? Qui sait… En attendant, voici la bande-annonce de Supervixens :
P.S. : Mudhoney est aussi le nom d'un groupe musical natif de Seattle, Étazunis, citation du film de Russ Meyer.
Merci à Sleepless qui m'a donné l'idée de ce Vite dit.
L'occasion de lire ma chronique intitulée Autopsie d'une valse dans laquelle il n'y a pas de grôlôlôs, non, puisqu'il s'agit d'une analyse du film d'animation Valse avec Bachir.
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