Dans un mail adressé à l'ensemble de la rédaction, Natalie Nougayrède, ex-directrice du Monde, a annoncé ce matin sa décision de quitter le quotidien. L'horizon est déjà connu : elle rejoint le Guardian. Le quotidien britannique a, pour l'occasion, fait un rapide (et flatteur) portrait de sa nouvelle éditorialiste. Où il n'est absolument pas question de ses derniers mois difficiles à la tête du Monde.

"Ancienne correspondante diplomatique au service International". "Sous sa direction, Le Monde a consolidé sa position de leader sur le web en France et élargi son audience mondiale". "Elle a été la première femme à diriger le quotidien national français et a déjà remporté le Prix de la Presse diplomatique et le prix Albert Londres pour sa couverture du conflit en Tchétchénie et l'attaque de l'école de Beslan".

Et puis ? Et puis c'est à peu près tout. On apprend bien que Nougayrède est bilingue, que le rédacteur en chef du Guardian Alan Rusbridger est très heureux d'accueillir une telle recrue et que, de la même façon, Nougayrède est excitée de rejoindre un quotidien aussi prestigieux. Mais rien sur ses divergences avec Xavier Niel, patron de Free et actionnaire du Monde, sur son projet de quotidien sur tablette.

Rien non plus sur la démission de la majorité des rédacteurs en chef du journal, alors que Nougayrède en était encore la directrice, le 6 mai dernier : "Depuis plusieurs mois, nous avons envoyé de nombreux messages d’alerte pour signaler des dysfonctionnements majeurs, ainsi qu’une absence de confiance et de communication avec la direction de la rédaction nous empêchant de remplir nos rôles à la rédaction en chef", écrivaient alors les sept démissionnaires dans un mail adressé à Nougayrède et à Louis Dreyfus, président du directoire. Pas une ligne, enfin, sur sa démission du Monde 9 jours plus tard, quinze mois après sa prise de fonction.