Mardi 15 novembre, un missile s'abat en Pologne et tue deux personnes. L'agence de presse étasunienne Associated Press indique, dans une dépêche publiée quelques heures après : "Un responsable du renseignement américain affirme que des missiles russes ont franchi les frontières de la Pologne, membre de l'Otan, où deux personnes ont été tuées." L'information fait rapidement le tour des médias, dans le monde entier, et souvent sans précautions de la part des journalistes, note le Washington Post. Mais le lendemain, la dépêche est remplacée par le texte suivant : "Associated Press a rapporté de manière erronée, à partir d'une information issue d'un responsable du renseignement américain qui s'est exprimé à condition de rester anonyme, que des missiles russes avaient pénétré en Pologne et tué deux personnes. La poursuite de notre travail journalistique a montré que les missiles étaient fabriqués par la Russie, et très probablement tirés par l'Ukraine afin de se défendre d'une attaque russe."
Quelques jours après, le Daily Beast révèle que l'auteur de l'article, le journaliste d'investigation spécialisé dans les sujets militaires et de renseignement James LaPorta, a été licencié par AP. Il rappelle que selon les règles journalistiques d'AP, une seule source anonyme n'est pas suffisante à moins de faire l'objet d'une confiance particulière de l'agence de presse. Et s'étonne qu'aucune sanction n'ait été prise contre le ou les rédacteurs en chef ayant validé la dépêche, alors que lors d'un précédent licenciement de journaliste par l'agence de presse, intervenu en 2013, ses deux supérieurs hiérarchiques avaient eux aussi été licenciés. Dans le Washington Post, AP (qui a aussi publié un article sur ce licenciement) répond qu'un licenciement de ce type ne se produit pas pour "des incidents isolés". Le quotidien indique aussi, en citant anonymement des "personnes ayant connaissance de l'affaire" au sein d'AP, que James LaPorta aurait fait croire à deux rédacteurs en chef qu'un troisième avait validé le sérieux de son unique source, ce qui était vrai pour de précédents articles... mais pas celui-là : l'intention de tromper ses chefs ne semble cependant pas avérée, à lire un autre article du média Semafor. Cette vidéo est issue de notre émission hebdomadaire en direct sur Twitch, Proxy.
Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.
Déjà abonné.e ? Connectez-vousConnectez-vous