Merkel contre les euro-obligations "tant qu'elle vivra"
"D'une manière étonnante, la chancelière a juré qu'elle n'accepterait jamais les euro-obligations. Mais ce qui fait jubiler l'Allemagne est peut-être une déclaration téméraire", estime Die Welt. "La Chancelière est plus que jamais contre la mutualisation de la dette européenne. Une position gravée dans le marbre, pour l'éternité. Ce n'est pourtant pas habituel chez Merkel, qui garde toujours plusieurs options ouvertes, et soudain tente d'effrayer le diable en jetant de l'eau bénite", écrit le journal. Qui rappelle aussi que "le ministre allemand des Finances Wolfgang Schaüble a annoncé dans une interview cette semaine que les Allemands vont voter pour un transfert de compétences vers Bruxelles." Ce qui impliquerait "d'une manière ou d'une autre une forme d'euro-obligations", qui consisteraient à mettre en commun de tous les pays de la zone euro une partie des dettes de chacun. Autrement dit, de faire bénéficier les pays les plus fragiles de la solidité financière et de la bonne réputation de quelques pays "costauds", Allemagne en tête .
"Non, c'est non, Angela Merkel a réitéré dans sa déclaration de politique générale" son opposition aux euro-obligations devant le groupe parlementaire FDP note, de manière neutre, la SüdDeutsche Zeitung. Le journal indique que ces obligations seraient contraires à la constitution allemande. "Mme Merkel a souligné qu'il n'y a pas de solution rapide et facile à la crise de la dette euro.Pour surmonter la crise de manière définitive, un processus d'étapes successives est nécessaire, et il faut s'attaquer aux racines du problème."
Lorsque Merkel a déclaré qu'il n'y aurait pas d'euro-obligations tant qu'elle vivrait, "certains députés lui ont répondu qu'ils lui souhaitaient de vivre très longtemps", note le Tagesspiegel, en soulignant qu'alors que "la France risque elle aussi d'être entraînée dans la crise de l'euro", la chancelière s'offre un triomphe et mérite une fois de plus son surnom de "Madame Non". Le journal indique qu'elle s'engage pourtant sur "une voie risquée " puisque "l'Allemagne doit sauver l'euro" et que "toute autre option lui serait fatale".
Cette prise de position qui a soulevé l'enthousiasme des parlementaires ne fait pas l'unanimité, selon le Frankfurter Allgemeine, qui cite Thomas Opperman. Le secrétaire du groupe parlementaire SPD (socialiste) pense que Merkel prépare aussi sa réélection, et assure que "les euro-obligations arriveront sûrement demain".
Aux Etats-Unis, le New York Times estime que l'Allemagne va, quoiqu'il en soit, "payer pour sauver l'euro". Le quotidien américain reconnaît que "Les électeurs allemands sont encore plus sceptiques que leurs dirigeants sur le financement de leur «paresseux» et «débauchés» voisins. Bien que la plupart, selon les sondages, veuillent garder la monnaie unique, près des quatre-cinquièmes veulent que la Grèce sorte de la zone euro - oubliant la réaction en chaîne que le départ grec provoquerait pour le Portugal, l'Espagne et même l'Italie." Bien sûr, "Berlin va traîner des pieds tant qu'il pourra, avant d'offrir de l'aide, comme cela a été son habitude tout au long de la crise." "Mme Merkel sait que l'Allemagne devra finalement accepter le sauvetage de l'euro, que les conditions qu'elle pose soient remplies ou non. Il y a trois bonnes raisons. Tout d'abord, l'euro a été très bénéfique pour l'Allemagne. Deuxièmement, les coûts du sauvetage sont susceptibles d'être beaucoup plus faibles que la plupart des Allemands le pensent. Troisièmement, et c'est peut-être le plus important, le coût pour l'Allemagne de l'explosion de l'euro serait énorme - beaucoup plus important que de sauver cette monnaie." New York Times, 27 juin 2012
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Feu les eurobonds ?, se demandait le matinaute en pointant le recul discret du gouvernement français sur la question...
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