Japon : Le Nouvel Obs en (quasi) reportage depuis Paris (Les Inrocks.com)
Brève

Japon : Le Nouvel Obs en (quasi) reportage depuis Paris (Les Inrocks.com)

Comment donner l'illusion d'un riche reportage sans bouger de son bureau ? Le site des Inrocks donne la solution, en décortiquant un article du Nouvel Observateur du 17 mars, "neuf pages sur la catastrophe japonaise, signées du grand reporter Jean-Paul Mari" : "L’article a été entièrement écrit à Paris, à partir de témoignages et de descriptions parus ailleurs dans la presse sans qu'aucune source ne soit mentionnée."

Le sous-titre de l'article, sur la première double page du Nouvel Obs, indiquait: "Jean-Paul Mari dresse le récit de ces journées", sans autre précision. Le journaliste a expliqué aux Inrocks comment il avait travaillé : "On m’a demandé le lundi après-midi de faire un récit sur le Japon. J’ai travaillé toute la nuit sur de la documentation (des photos, des reportages, des articles), essayé de m'imprégner de ce que je lisais. Puis j'ai rédigé mon papier entre 7h15 et 13h30. Évidemment j'étais à Paris, on n’a pas mis «de notre envoyé spécial». Très sincèrement je ne crois pas que ça induise le lecteur en erreur."

Cela se discute. Les Inrocks donnent toute une série d'exemples d'emprunts non sourcés. A commencer par le titre, emprunté à un reportage de Libération, qui avait repris cette citation en Une le week-end précédent :

Le journaliste du Nouvel Obs parle ensuite d'un employé français de Google, habitant à Tokyo: "A 380 kilomètres de la faille, au 26e étage d’un gratte-ciel de la capitale, un employé de Google remarque l’étrange comportement des corbeaux qui volent dans tous les sens. Ils sont les premiers à avoir deviné la secousse. Quelque chose commence à soulever le bâtiment. Des machines de 300 kilos sont déplacées de plus d’un mètre. Le mouvement d’ascenseur s’accentue puis tout l’immeuble commence à balancer horizontalement. Haut dans le ciel, le gratte-ciel de 54 étages tangue sur 3 mètres d’amplitude, comme un bateau ivre.” Remarquez qu'il n'y a pas de citations à proprement parler. Et pour cause: l'employé de Google a été cité par Le Parisien du 12 mars. Le même article parle des machines de 300 kg et du balancement de l'immeuble. Et l'anecdote des corbeaux est rapportée par Libé.

Un autre témoignage, celui de Harumi Watanabe, qui a fermé son magasin "dès les premières secousses" et "a roulé à toute allure vers la maison de ses parents" est la traduction partielle d'un article du Guardian, note Camille Poloni, l'auteur de l'article des Inrocks. Puis c'est le récit de Jean-Paul Sibuet, un autre Français, qui est repris du blog d'un journaliste de Libération.

D'autres passages présentés comme des emprunts par le site sont moins problématiques, car issus du fil de dépêches AFP, auquel est abonné le Nouvel Observateur. "A partir du moment où il y a une citation, on devrait dire d’où elle vient , convient Jean-Paul Mari. C’est un problème de temps, j’ai écrit dans l’urgence. Si j’avais une journée de plus pour le réécrire, je mettrais la source de ces témoignages. Cependant, il n’est pas question de vouloir faire croire que j’étais sur place."

Cependant, personne n'est parfait: on se souvient que pendant l'été 2010, Télérama avait épinglé... Les Inrocks pour avoir adapté un article publié dans le magazine américain New Yorker, en le signant d'un faux nom de journaliste français créé pour l'occasion.

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