"Intérêts fondamentaux de la nation" : trois journalistes condamnés
Brève

"Intérêts fondamentaux de la nation" : trois journalistes condamnés

"N'allez pas fouiller dans le monde opaque du secret-défense sous peine de condamnation !"

Deux journalistes du Point, Christophe Labbé et Olivia Recasens, et un journaliste du Canard enchaîné, Didier Hassoux, ont été condamnés en septembre en appel à une amende de 3 000 euros avec sursis. "La peine est légère, mais la condamnation insupportable. [...] Leur tort ? Avoir porté atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation en révélant l'identité réelle d'un agent secret", rapporte le site de l’hebdo.

Dans leur livre L’Espion du président publié en 2012, les trois journalistes décrivaient le "système Squarcini", du nom du patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) de 2008 à 2012. Un système qualifié de "police politique" au service de Sarkozy, dont Squarcini est un proche. C’est dans cette optique, expliquent-ils, qu’ils ont jugé utile de publier l’identité de plusieurs agents : "Nous avons diffusé des noms car c'était légitime. Ces agents incarnaient des dérives que nous voulions dénoncer". Et sur les cinq agents concernés, quatre ont été déboutés de leur plainte puisque leurs noms "avaient déjà été publiés au journal officiel". Mais pour le cinquième, la Cour d’appel estime que "le souci des auteurs de dénoncer les conditions […] de recrutement de ce fonctionnaire, ne peut justifier (…) de divulguer la fonction qu'il exerce au sein d'un service de renseignement". En cause, le fait que le frère de ce commissaire de la DCRI, désormais appelé "P-A T.", soit soupçonné d’être l’un des "parrains les plus influents de la mouvance corse en Afrique".

Pour leur défense, les journalistes ont surtout insisté sur le fait que les agents dont l’identité a été dévoilée n’étaient pas des "opérationnels" et "que leur vie n'était donc pas mise en péril par les révélations du livre". Mais le juge se base sur la loi LOPPSI 2, votée en 2011, sous Sarkozy. Son article 413-13 punit de cinq ans d’emprisonnement et 75 000€ d’amende "la révélation de toute information qui pourrait conduire, directement ou indirectement, à la découverte […] de l'identité réelle d'un agent des services spécialisés de renseignement". Et elle ne fait pas de distinction entre les agents "opérationnels" sous couverture et les autres.

L’occasion de voir notre émission sur les services secrets : "Sous Hollande, on prend moins de gants pour éliminer"

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