Fukushima : combien d'enfants contaminés ?
Brève

Fukushima : combien d'enfants contaminés ?

Le gouvernement japonais minimise-t-il le nombre d'enfants contaminés après la catastrophe de Fukushima ? C'est ce que laisse entendre un laboratoire français indépendant, l'Association pour le contrôle de la radioactivité de l'Ouest (Acro), lors d'une conférence de presse qui s'est tenue mercredi 7 septembre. Alors que les statistiques officielles font état d'un enfant contaminé sur deux dans la ville de Fukushima, le laboratoire français arrive à un résultat plus élevé (mais avec un échantillon plus faible). Quel que soit le niveau de radiation, la situation est préoccupante : l'ancienne ministre de l'Environnement, Corinne Lepage, de retour de Fukushima, déplorait début septembre le "silence et les mensonges qui tuent". Selon elle, les familles seraient très mal informées sur les risques encourus.

Difficile de connaître exactement l'ampleur des contaminations à Fukushima. Lors d'une conférence de presse, relayée par l'AFP, le président du laboratoire français indépendant Acro, David Boilley, a expliqué qu'il y avait davantage d'enfants contaminés à Fukushima que ce que les autorités avaient annoncé. "Nous avons analysé les urines de 15 enfants de Fukushima, ville qui se trouve à 60 km de la centrale accidentée. Tous sont, ou ont été, contaminés alors que les autorités, sur un échantillon de 100, en trouvent un sur deux", a-t-il indiqué. Pour justifier cet écart, Boilley a précisé que les analyses japonaises étaient moins précises, avec un seuil de détection de 13 becquerels par litre, contre 0,5 pour l'Acro. "Le laboratoire, basé à Hérouville-Saint-Clair (Calvados), dans la banlieue de Caen, a relevé dans ces échantillons du césium 134 et du césium 137, des éléments radioactifs que l'on peut trouver après un accident nucléaire. Les césium ont une durée considérée comme moyenne. La quantité de césium dans le corps diminue de moitié en un mois chez un enfant qui mange sain, contre huit jours pour l'iode", précise l'AFP.

Si la contamination semble avoir touché davantage d'enfants, le laboratoire reconnaît dans le même temps que "les enfants qui ont été évacués ont vu leur contamination baisser ou disparaître" et que globalement, cette contamination "reste légère pour tout le monde". L'inquiétude n'a pour autant pas disparu parmi les habitants de Fukushima. C'est ce qu'indique Corinne Lepage, l'ancienne ministre de l'Environnement, après s'être rendue sur place.

Dans une tribune publiée sur Rue89 le 2 septembre, elle constate que "la situation des familles qui vivent dans la région de Fukushima est, au sens propre du terme, véritablement tragique" et déplore le fait qu'"aucune instruction ne leur a été donnée, aucune pastille d'iode ne leur a été distribuée. Il a fallu attendre plus d'un mois pour qu'elles puissent disposer d'une information publique sur le niveau de contamination et aujourd'hui, ce sont 40 000 dosimètres qui restent bloqués par décision politique à l'aéroport de Tokyo. Les familles ne savent donc pas quel est le niveau de la radioactivité dans laquelle elles vivent".

Lepage s'inquiète du niveau de radioactivité : "Au Japon, comme partout dans les pays membres de l'AIEA, le niveau admissible pour les populations est de 1 millisievert par an. Il est de 20 millisieverts pour les travailleurs du nucléaire. Aujourd'hui, dans les zones où vivent ces gens, dans la préfecture de Fukushima, le niveau est largement supérieur avec 5 millisieverts, jusque parfois 20 millisieverts". Deux solutions selon elle : soit la décontamination (en retirant par exemple 50cm de terre), soit l'évacuation. Pour Lepage, "c'est bien la deuxième solution qu'il faut envisager. Elle consiste bien évidemment à permettre aux gens qui le veulent de partir. Mais pour qu'ils puissent s'en aller, encore faut-il leur permettre d'aller vivre ailleurs".

L'occasion de revoir notre émission de juin dernier avec Corine Lepage : "A Fukushima, il y a eu déni d'information".

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