Foot : crise Egypte-Algérie et silences de la presse
Selon un bilan officiel une trentaine de personnes, dont 20 Algériens, avaient été blessées au Caire après le match. L'ambassadeur d'Egypte en Algérie a été rappellé. Depuis, la presse algérienne dénonce vigoureusement l'attitude de l'Egypte.
Mais en fait, il y a eu des dérapages dans les deux pays. Le site Le Matin a été l'un des rares, en Algérie, à le souligner. Exemples.
Le 15 novembre dernier : "un groupe d’égyptiens travaillant pour l’opérateur mobile Djezzy a été attaqué, dimanche à l’heure du déjeuner, par des jeunes algériens à Bab Ezzouar, dans la banlieue-Est d’Alger selon des sources policières. Les Egyptiens se trouvaient dans un restaurant non loin de l’hôtel Mercure d’Alger où ils étaient venus déjeuner lorsque des jeunes Algériens ont pénétré à l’intérieur. Bilan: plusieurs Egyptiens blessés, dont un dans un état grave, selon la même source."
Le 16 novembre, le Matin s'inquiète à nouveau des attaques contre la filiale d'une société égyptienne : "La chasse aux Egyptiens commence à prendre des proportions alarmantes
en Algérie. Les installations de l’opérateur Orasom Télécom Algérie
(OTA) ont été attaquées dimanche et lundi, et certaines complètement
détruites, notamment à Alger. Dimanche soir, le siège d’OTA à Dar El
Beidha, dans la banlieue-est d’Alger, a été partiellement saccagé par
des milliers de supporteurs déchaînes. (...) 70.000 téléphones portables d’une valeur de 5 millions de dollars ont
disparu de l’agence Ring (filiale d’Orasom) de Hydra. Des climatiseurs,
des ordinateurs et même des porte-manteaux ont été volés et détruits.
Les attaques ont touché une quinzaine d’agences" "Le siège de la compagnie égyptienne Egypt Air, situé en plein cœur
d’Alger,a été incendié lundi en début d’après midi. Des supporters
estimés à environ cinq mille ont attaqué ce siège situé près de la
place Audin, en plein centre d’Alger. "
Les quotidiens algériens, eux, préfèrent mettre en avant, les dérapages égyptiens.
El Watan consacre, mardi 8 décembre 2009, plusieurs pages à cette crise, donnant la parole à des étudiants algériens qui sont rentrés par centaines d'Egypte, après la victoire de l'Algérie sur l'Egypte. Ils disent avoir été agressés dans la rue, ou menacés. Par ailleurs des avocats algériens demandent la délocalisation de l'Union des avocats rabes basée au Caire, où des avocats égyptiens auraient brûlé le drapeau algérien.
Le quotidien Liberté fait lui aussi sa Une sur cette affaire. Le journal cite un ministre égyptien qui évoque le rôle dangereux qu'ont joué les médias égyptiens et les chaînes satellitaires qui ont échauffé les esprits et contribué à aggraver la crise.
"Décidément, l’Egypte ne décolère pas et continue son chantage éhonté à
l’égard de l’Algérie qui reste jusque-là calme face aux calomnies, aux
mensonges, à la haine et à l’atteinte de ses symboles les plus sacrés." écrit La Tribune du 8 décembre qui ajoute : "L’Algérie n’a pas chassé l’ambassadeur d’Egypte, c’est l’Egypte qui a
rappelé son ambassadeur. L’Algérie n’a pas rappelé son ambassadeur
contrairement au principe de la réciprocité en pareil cas. Quant aux
entreprises dites égyptiennes, certaines sont de droit algérien et, à
ce titre, elles ont toute la latitude de recourir à l’arbitrage de la
justice algérienne, à défaut à l’arbitrage international pour réclamer
leurs droits si elles estiment qu’elles ont été lésées."
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