Ferguson / Portland : qui est vraiment le "policier bisous" ?
Brève

Ferguson / Portland : qui est vraiment le "policier bisous" ?

Tout le monde (ou presque) s'est ému en contemplant la photo d'un policier blanc et d'un enfant noir s'étreignant, lors d'une manifestation qui s'est tenue le 25 novembre dernier à Portland, Oregon. Une bien belle image en vérité, aux arrière-plans toutefois un peu troubles…



Cette photo, donc, a été prise par le photographe Johnny Huu Nguyen lors d'une manifestation organisée à Portland après l'annonce du non-lieu en faveur du policier qui abattit Michael Brown à Ferguson (nous en parlions par là).


Un geste tendre, plein d'humanité, symbolisant l'union de ceux qui, quelques instants plus tôt, étaient encore ennemis. On sait que l'enfant, qui s'appelle Devonte Hart, a douze ans et se promenait dans la manifestation avec un panneau Free Hugs (Câlins gratuits), a un coeur gros comme ça : on peut lire par là le récit de sa courte vie faite de pauvreté, de drogue, d'extrêmes violences, et finalement d'adoption par une famille aimante.

Mais que sait-on du sergent Bret Barnum, membre de la police de Portland, Oregon ? Pour en apprendre un tout petit peu sur son compte, il convient de remonter au week end précédant la manif de Portland, qui se déroula le mardi 25 novembre.

Le dimanche 23, trois policiers de Portland nommés Rich Storm, Rob Blanck et Kris Barber changèrent la photo de leur profil Facebook, la remplacèrent par l'insigne de leur fonction barré par un bandeau sur lequel on pouvait lire I Am Darren Wilson, Je suis Darren Wilson (le nom du policier qui a abattu le jeune Michael Brown à Ferguson, Missouri) :

Copie d'écran réalisée le dimanche 23 novembre par le site Rebelmetropolis.org


Ce soutien au policier de Ferguson, dont le non-lieu prononcé par un grand jury fut rendu public le lendemain lundi 24 au soir, n'a pas plu aux supérieurs de Rich Storm, Rob Blanck et Kris Barber, raconte le Portland Mercury : dès le lundi matin, le chef Mike Reese leur ordonnait d'ôter de leurs comptes Facebook ces insignes jugés par lui « incendiaires » et leur annonçait qu'ils allaient faire l'objet d'une enquête de la Professional Standards Division, la police des polices locale.

Et le sergent Bret Barnum de la police de Portland, Oregon ? Que vient-il faire dans cette histoire ? Attendez…

Dans l'après-midi du lundi 24, le Portland Mercury faisait une mise à jour de son article en publiant une déclaration d'un "citoyen de Portland", le révérend Chuck Currie qui s'adressait aux chefs de la piolice de Portland en ces termes :

« En tant que citoyen de Portland, j'ai apprécié votre rapide réponse concernant trois policiers de la police de Portland auxquels vous avez demandé d'ôter de leurs profils Facebook ces insignes incendiaires sur lesquels on pouvait lire "Je suis Darren Wilson". Il est inquiétant de constater que plusieurs autres policiers ont "aimé" ces insignes. Il est clair, comme je le dis depuis des années, que le racisme est un problème dans les rangs de la police de Portland.

Je vous demande à tous deux de relever de leurs fonctions ces trois policiers et tous ceux qui ont "aimé" leurs photos de profil Facebook pendant les manifestations liées à l'annonce de la décision dans l'affaire Michael Brown. On ne peut pas faire confiance à ces policiers, ils se sont eux-mêmes exclus en se montrant indignes de servir. »

Sans doute le révérend avait-il lu ce commentaire posté le lundi matin à 11h33, dans lequel une lectrice disait : « Parmi les 31 "j'aime" figurant sous le nouveau profil Facebook du policier Rich Storm, 18 sont le fait de policiers de Portland. » Elle en dresse la liste et parmi eux se trouve « Bret Barnum – sergeant bomb squad commander w/PPB ».

Le même qui, le lendemain, étreignait le petit Devonte Hart.

 

L'occasion de lire ma chronique intitulée La petite Ruby Bridges et ses quatre marshals.

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