En 1985, Hollande "jouait au journaliste" (Rue89)
Brève

En 1985, Hollande "jouait au journaliste" (Rue89)

Trente ans avant de devenir Président, François Hollande s'est adonné à l'art de la chronique économique, dans Le Matin de Paris. Rue89 est allé déterrer les archives

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Il fut un temps où François Hollande jouait "les Madame Soleil de l'économie". L'actuel président de la République a signé plusieurs billets et éditoriaux dans Le Matin de Paris, en 1985 et 1986, raconte Rue89.

Le quotidien, disparu en 1987, tirait à près de 180 000 exemplaires au début des années 1980 et était connu pour son allégeance au pouvoir mitterrandien. Au printemps 1985, Max Gallo passait du poste de porte-parole du gouvernment Mauroy à celui de directeur de la publication du Matin, et François Hollande devenait chroniqueur (irrégulier) du journal.

Rue89 a donc exhumé ses contributions. Alors maître de conférence à l'IEP de Paris et "militant mitterrandiste", Hollande s'est fendu de nombreux articles dans la rubrique économie, évidemment critiques envers la droite libérale. Il fustigeait le modèle libéral de Margaret Thatcher, tançait Raymond Barre et rudoyait un essai anti-Etat signé Guy Sorman. Le "partage du travail" ou la "relance concentrée à l’échelon européen" faisaient partie des idées qu'il prônait.

Mais ses productions de l'époque dessinaient déjà la vision économique de l'homme du "consensus mou". Ainsi, il préférait "la sociale-démocratie d'après crise" à "l'Etat providence de la prospérité", clamait que "le système français ne diffère plus du modèle américain ou britannique" et défendait que "la contrainte extérieure décide de tout" et que "la politique économique est désormais l’art d’accommoder les restes ". Bref, "il fait la pédagogie des temps nouveaux", estime Rue89.

Le socialiste alimentait également une "chronique de conjoncture" dans laquelle il se livrait à quelques prévisions économiques et politiques. Sans toutefois trop se mouiller : "A force de jouer les Madame Soleil de l’économie, le natif de Rouen verse plus souvent qu’à son tour dans le «ptêt ben qu’oui, ptêt ben qu’non»." L'homme politique semblait en tout cas goûter l'exercice. "On sentait le type qui adore la presse, qui aimait l’idée d’être dans un journal", témoigne Pierre Morville qui relisait ses productions, en tant que chef du service économique.

Peu à peu, la signature de François Hollande s'est effacé du Matin à mesure que celui-ci disparaissait, embourbé dans sa "mitterrandolâtrie", quand d'autres quotidiens réputés de gauche (Libération et Le Monde) optaient pour "des stratégies de prise de distance symbolique avec le PS".

Depuis, le chroniqueur néophyte est devenu homme politique accompli. Et pourrait s'appliquer rétrospectivement certaines de ses analyses. C'est le cas lorsqu'il commente la tactique politique de la droite, le 17 janvier 1986. "Ne rien promettre d’irréversible, ensuite ne pas effrayer l’électeur, mais surtout ne renoncer à rien. Aussi le flou est-il de règle. Et chaque mesure est aussitôt accompagnée de sa propre restriction". Rue89 s'exclame : "On croirait une relecture de sa propre campagne présidentielle! "

(Par Antoine Machut).

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