Economistes : vers une charte de déontologie ?
Brève

Economistes : vers une charte de déontologie ?

Avril : la fête des poissons, des œufs en chocolat… et des économistes ? Dernier en date à s’interroger sur cette science suspectée de dogmatisme et de conflit d’intérêts : le Monde économie. Et d’essayer de répondre à la question posée en 2008 par la reine d’Angleterre aux économistes britanniques : "Pourquoi personne n'avait-il prévu (cette) crise ?"

Après la publication du livre de Laurent Mauduit, journaliste de Mediapart, dénonçant l’imposture d’une poignée d’économistes, après la réponse de ces derniers dans les colonnes du Nouvel Obs, après le film Les nouveaux chiens de garde, après un article du Point sur les économistes qui perdent le sens commun, après les pages du Monde diplomatique consacrées aux doubles casquettes des économistes, le Monde économie daté d’aujourd’hui s’intéresse à cette discipline malmenée.

Malmenée mais réactive : on apprend que, "à l'instar de l'American Economic Association (AEA) qui, à la suite du documentaire Inside Job, a édicté le 5 janvier une charte déontologique demandant à ses membres de rendre publics d'éventuels conflits d'intérêts, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) a publié le 28 mars une charte calquée sur celle de l'AEA. "

Vous pouvez lire cette nouvelle charte ici (format PDF). Un code de déontologie et de bonnes conduites devrait également voir le jour prochainement, fait savoir le bureau de l'Association française de sciences économiques (AFSE) qui réunit enseignants et chercheurs. Du moins a-t-elle annoncé le 29 mars la création d'un "groupe de travail chargé de recenser les dispositifs d'encadrement des pratiques des économistes" et souhaite y associer l'Association des journalistes économiques et financiers (AJEF).

Reste la question : est-ce que les activités de conseil dans les entreprises privées biaisent les travaux de recherches des économistes ? Non, répond Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes : "Avoir une activité dans le privé et avoir un conflit d'intérêts, ce n'est pas synonyme." Et de rappeler que "Keynes était un formidable gestionnaire d'actifs."

Le Monde économie ne prend cependant pas la peine de préciser le long CV de Lorenzi accessible pourtant sur sa fiche wikipedia (il est notammentmembre du conseil d'administration de BNP Paribas Assurances). Pour Lorenzi, le problème est ailleurs : "La profession s'est ralliée, peu ou prou, au dogme de l'efficience du marché. (…) Ce qui manque, c'est d'admettre la multiplicité des approches, et des gens aptes à recomposer complètement la discipline."

De son côté, André Orléan, directeur de recherches au CNRS et président de l'Association française d'économie politique, observe qu’en effet, "depuis quinze ans, seule une poignée d'économistes hétérodoxes (postkeynésiens, conventionnalistes, marxistes...) sont passés aux grades de rang A, à l'université comme dans les organismes de recherche, où ne figureront bientôt plus que des économistes orthodoxes". Lui aussi est pour la transparence, arguant que "leur profession est captée par d'autres choses que la seule intelligibilité du monde. Il ne faut pas le refuser, mais il faut savoir s'en protéger."

Un avis que ne partage pas entièrement Hubert Kempf, chercheur à l'ENS Cachan et président de l'AFSE. Ce dernier estime que l’économiste se trouve toujours en situation voire en conflit d’intérêts : "conflits idéologiques, conquête de positions institutionnelles et, tout simplement, compétition scientifique !" Et de craindre "la dénonciation (qui) est, tout autant que la compromission, propice aux dérapages déontologiques."

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