DSK le prisonnier, en photo (Financial Times/NY Daily News)
Pour illustrer un article sur la succession ouverte au FMI, le Financial Times publie aujourd'hui à la Une la photo publiée en page intérieure hier par le New York Daily News.
Cette image contraste fortement avec les titres neutres du quotidien : "Son patron forcé de démissionner, Lagarde largement soutenue, les USA qui vont jouer un rôle clé", indique le sur-titre. Le titre assure que "l'Europe fait des pressions pour le poste au FMI".
Le Financial Times boucle sa Une très tôt, ce qui explique sans doute, qu'il ne mentionne pas la remise en liberté, sous caution, de DSK.
"La brute française !" - "Le séducteur du FMI cherche désepérement à obtenir une assignation à résidence", titrait hier le New York Post, en soulgnant que "la tenue est conçue pour éviter d'être déchirée et que l'on puisse faire un noeud coulant."
La photo a apparemment été prise directement sur un écran de la prison, peut-être relié à une caméra de surveillance.
"Je ne peux pas confirmer que cette photographie a été prise en prison. Je ne sais pas d'où elle vient, comment ils (le journal) l'ont obtenue, voire si elle a été truquée", indique un responsable de l'administration des prisons de New York, qui a annoncé à l'AFP qu'une enquête avait été ouverte pour savoir si laphoto vient bel et bien de la prison de Rikers Island.
Comme Vincent Glad l'a signalé sur Twitter, les données numériques contenues dans le fichier de la photo (les données "exif", notamment visibles grâce à ce logiciel) montrent que le New York Daily News a spécifié que ce cliché ne devait pas être utilisé par ses concurrents, le New York Post, le New York Times, le Wall Street Journal, ou Newsday. (Le quotidien spécifie aussi que son cliché ne doit pas être reproduit avant demain, ce qui relevait du voeu pieux.)
Fallait-il diffuser ce cliché ? Le débat promet d'être vif en France. Le site Ozap évoquait l'image sans la montrer, en rappelant que le CSA a souligné mardi que "le principe de la liberté d'expression et le droit à l'information ne doivent pas méconnaître le fait que de telles images sont susceptibles de porter atteinte au respect de la dignité de ces personnes".
LePost.fr (groupe Le Monde) titrait hier : "Voici la photo de Dominique Strauss-Kahn en prison" et ajoute "le moins que l'on puisse dire c'est qu'elle est très dégradante. DSK semble être drogué et porterais une camisole de force ?Nous ne diffuserons pas la photo sur ce site. Mais voici le lien pour la voir." De même, le site belge RTL Info annonçait "la première photo de Dominique Strauss-Kahn en cellule", sans la montrer, en donnant simplement le lien.
Le site du magazine Voici, lui, évoquait l'image du Daily News, sans la montrer, préférant la "Prisoner Movement Slip", la fiche du prisonnier.
Quant à RMC, elle a tranché, et l'a fait savoir sur son site : "A supposer qu'elle soit authentique, cette photo est dégradante. Elle porte atteinte à la présomption d’innocence d'un homme accusé de viol, mais pas encore jugé. Elle nous a profondément choqués. Elle répond peut-être à de profonds instincts de voyeurisme et de désir de lynchage médiatique et populaire. Mais c'est tout le contraire de l’esprit démocratique et républicain qui place la liberté et les droits de la défense au cœur de nos principes. Enfin, il s’agit très probablement d’une photo volée." Une prise de position qui suscite des réactions mitigées, certains internautes saluant cette décision, d'autres commentaires étant très négatifs, dénonçant "l'hypocrisie" de la station et sa protection supposée des puissants.
Le choix de RMC est largement partagé : "Les chaînes d'information françaises comme les grandes généralistes ont décidé qu'elles ne montreront pas la photo dégradante de Dominique Strauss-Kahn prise dans sa prison, , expliquait hier le site de TV Magazine. Un code de bonne conduite, labellisé par le CSA, est en cours d'élaboration.(...) TF1, France Télévisions, Canal+ ont ainsi décidé de ne pas diffuser les photos dégradantes de l'ancien directeur général du FMI prises dans sa prison. Cette décision prolonge l'accord passé par LCI, I-Télé et BFM TV d'harmoniser leur politique image dans le traitement de l'affaire DSK (...) Les chaînes ont même décidé d'adopter un code de bonne conduite, labellisé par le CSA, afin de protéger l'image de toutes les personnes concernées par une procédure judiciaire. Quel qu'en soit le pays."
Cité par Télérama, Thierry Thuillier, le directeur de l'information de France Televisions, déclarait à propos des images de DSK: "Hier, nous avons décidé de les passer en toute conscience car elles disaient quelque chose sur le système policier américain, et aussi sur l'attitude physique et psychologique de Dominique Strauss-Kahn. Aujourd'hui, il n'y a plus de sens éditorial à les diffuser."
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