Cette sacrée symétrie
Brève

Cette sacrée symétrie



De nombreux manifestants pro-palestiniens de samedi dernier, dans les rues de Paris,

 

 ont reproché aux journalistes présents sur place, leur traitement "symétrique" du conflit. "Comment pouvez-vous traiter de la même manière bombardeurs et bombardés ?" Et l'on sent confusément, en effet, que les radios et les télés françaises tendent désespérément vers cette "symétrie". Une minute de Gaza, une minute de Sderot (sans y parvenir, d'ailleurs, comme nous le signalions cette semaine).

Insoluble question, que celle de la symétrie. Il doit (il devrait y avoir), dans les médias d'un pays qui n'est pas partie prenante au conflit, une symétrie dans le traitement verbal des belligérants, dans la méfiance à l'égard de leur propagande, dans la compassion à l'égard de leurs victimes. S'efforce-t-on de la respecter, cette symétrie, que chaque camp fera valoir la supériorité, l'antériorité, de sa souffrance ou de sa légitimité. (Quand j'écris, comme ici, "chaque camp", ne cédai-je pas encore à une fallacieuse symétrie ?) Sort-on de la "symétrie", choisit-on, même dans le secret de son âme, un agresseur et une victime, que les partisans de l'adversaire vous sauteront à la gorge.

Notre invité de ce week-end, le producteur Serge Gordey, expliquait bien comment dans le "Gaza-Sderot", les auteurs se sont efforcés de bannir toute construction symétrique, éliminant de leurs montages tout ce qui pourrait suggérer cette symétrie des destins. Mais la symétrie se venge, et ressort malgré eux du dispositif même de leur très beau web-documentaire. Il n'y a évidemment pas de symétrie du nombre de victimes. Il n'y a pas de symétrie, depuis deux semaines, de la souffrance et des ravages. Les avions, les bombes au phosphore blanc, les chars, sont d'un côté et d'un seul. Mais il y a symétrie de la haine et du désespoir, dans ces peuples enchaînés l'un à l'autre. Comment traiter symétriquement d'une guerre asymétrique ? Merci d'envoyer les suggestions à la rédaction.

L'illustration est extraite d'une chronique de 2008 d'Alain Korkos, sur le projet face2face.

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