Centres de rétention : sous la gauche, l'opacité continue (Libé)
C'était l'une des promesses de la gauche en cas de victoire : depuis le 1er juillet, les centres de rétention administrative (CRA) n'accueillent plus de familles ni de mineurs. Si le site de Libération salue cette décision de Manuel Valls, le journal pointe surtout du doigt l'interdiction faite aux journalistes de pénétrer dans ces centres.
"Du 26 avril au 26 mai, [...] journalistes, militants associatifs et parlementaires de huit pays d’Europe (et de Mauritanie) se sont mobilisés pour demander l’entrée dans ces espaces opaques où sont enfermés les migrants en situation irrégulière dans l’attente de leur expulsion – ou de leur libération", rapporte Libé. Pour la France, 48 journalistes ont tenté de se rendre dans des CRA, certains accompagnés de parlementaires. 6 des 9 centres ont laissé entrer les politiques, mais journalistes et militants sont restés à la porte. Cette situation est rendue possible par un flou juridique : "Si l’accès des journalistes aux prisons est encadré par un texte du code pénitentiaire, il n’existe pas de disposition similaire pour les CRA", souligne l'article. Rien n'oblige les directeurs de ces centres à accorder des autorisations d'entrée aux journalistes. Parmi les excuses avancées pour ne pas laisser entrer la presse, le droit de réserve. Mais la plus marquante revient au ministère de l'Intérieur, dont Libération reprend les mots : "Si ces centres sont interdits, notamment aux journalistes, c’est lié au fait que ces retenus ne sont pas des animaux et que nous ne sommes pas dans un zoo." |
Interrogée par Libération, Prisca Orsonneau, conseillère juridique de Reporters sans frontières, explique avoir elle aussi été éconduite en souhaitant rentrer dans un CRA : "Ce qui est effrayant, c’est qu’on a l’impression d’une zone à part où c’est l’arbitraire qui décide – les autorités ne se donnent souvent même pas la peine de nous argumenter leurs refus."
Ce manque de transparence reflète l'embarras causé par ces centres de détention, qui ont valu à la France une condamnation devant la Cour européenne des droits de l'Homme. En février dernier, elle a publié un arrêt pour dénoncer le maintien en détention pendant 4 ans d'une personne qui présentait de graves troubles psychiatriques.
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