Bolloré : France Inter condamné pour diffamation
Le 15 décembre 2009, comme @si l'expliquait, deux journalistes de France Inter étaient poursuivis pour diffamation par le groupe Bolloré. En cause, le reportage "Cameroun : l'empire noir de Vincent Bolloré" diffusé 29 mars 2009 dans l'émission Interceptions présentée par Lionel Thompson. Les journalistes y présentaient sur un ton critique les coulisses de trois sphères d'activité liées au groupe Bolloré : les chemin de fer de la société Camrail, le port de Douala et certaines plantations de palmiers.
En mars dernier, Bolloré attaque France Inter en diffamation. Le site d'information Rue 89 interroge le communicant du Goupe Bolloré, Michel Calzaroni, qui "ne cache rien de la volonté de son client. En poursuivant en diffamation France Inter, Vincent Bolloré veut faire « un exemple »". Il ajoute : "Lorsque nous avons compris qu'une campagne de presse était lancée contre le groupe, Vincent a décidé d'y mettre un terme en attaquant."
Les condamnations sont tombées : l'ancien directeur de publication de France Inter, Jean-Paul Cluzel, et le journaliste Benoît Collombat, auteur du reportage, ont été condamnés chacun à 1.000 euros d'amende. Ils devront en outre verser solidairement à Bolloré un euro de dommages et intérêts et 10.000 euros de frais de justice. France Inter devra également diffuser un communiqué à l'antenne, signalant sa condamnation.
Le tribunal a considéré que "sur les six passages incriminés, quatre étaient effectivement diffamatoires. Sur ces quatre passages, (le tribunal) a jugé que la plupart manquaient de "sérieux" ou de "prudence". A ce titre, elle a, à plusieurs reprises, refusé d'octroyer à France Inter le bénéfice de la bonne foi". Cependant, le lancement de Lionel Thompson et le dernier passage évoquant les liens entre le groupe Bolloré et le pouvoir camerounais n'ont pas été jugé diffamatoires. Le tribunal a estimé que "l'analyse proposée par Benoît Collombat dans ce dernier passage était "critique, sinon polémique", mais il s'agissait d'éléments s'intégrant dans un libre débat d'opinion".
Le tribunal a également désapprouvé le ton "lapidaire et péremptoire", utilisé par les journalistes.
France Inter ignore à ce jour si elle va faire appel.
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