Bloomberg surveillait l'activité de ses clients
L'agence Bloomberg (fondée en 1981 par l'actuel maire de New York, Michaël Bloomberg) compte aujourd'hui plus de 315 000 abonnés qui utilisent ses services pour suivre l'activité des marchés et l'activité économique, en général. Ces clients, qui paient plus de 20 000 dollars par an et par terminal sont, principalement, les banques et les traders aussi bien à Wall Street que dans le reste du monde. C'est via le terminal loué par les clients que les journalistes de Bloomberg accédaient aux informations des ces dits clients et pouvaient ainsi lancer des enquêtes. En effet, savoir quel type d'information consulte ou cherche un abonné peut permettre d'avoir des renseignements sur sa stratégie ou ses intentions. Le fait que Bloomberg ait permis à ses journalistes d'accéder à ces informations a provoqué une tempête à Wall Street.
Tout a commencé, vendredi 10 mai, lorsque le tabloïd New York Post a révélé que la banque Goldman Sachs s'étonnait que Bloomberg puisse savoir qui utilisait ou non son abonnement à Bloomberg.
Le pot aux roses a été découvert lorsqu'un journaliste de Bloomberg a demandé à Goldman Sachs si l'un des responsables de la banque avait quitté l'entreprise, car il n'utilisait plus son abonnement Bloomberg depuis un certain temps.
Goldman Sachs, un des plus gros clients de Bloomberg, a alors appris que Bloomberg pouvait savoir qui utilisait le terminal Bloomberg, et quels types d'informations il consultait, sans précisions, ni possibilité d'accéder au service de messagerie inclus dans le terminal.
La situation est devenue encore plus délicate, samedi, lorsque que le site BuzzFeed a publié un rapport indiquant que Bloomberg savait, depuis 2011, que ses journalistes accédaient à certaines informations sur les clients de l'agence.
De son côté, le Financial Times, a révélé qu'un autre client, la banque JP Morgan, s'était aussi plainte de l'indiscrétion des journalistes de Bloomberg.
Daniel Doctoroff, le patron de Bloomberg, a envoyé un message d'excuses à tous ses clients, précisant que les journalistes n'avaient plus le droit d'accéder aux informations sur l'utilisation des terminaux, et que ces informations étaient générales, et pas précises.
Dans son édition d'aujourd'hui, le New York Post explique que Goldman Sachs, très inquiet, envisage de créer son propre système interne de messagerie cryptée, pour ne plus utiliser la messagerie proposée par Bloomberg.
L'article est illustré par un montage photographique montrant Matt Winkler, rédacteur en chef de Bloomberg, surveillant Ben Bernanke (à droite), le très influent patron de la Réserve Fédérale américaine qui aurait lui aussi été espionné comme l'a révélé la chaîne CNBC. Bernanke a demandé des explications à Bloomberg, car un ex-employé de Bloomberg a expliqué qu'il avait accédé aux informations du compte de Bernanke, et de celui de l'ancien ministre américain des Finances Tim Geithner.
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