Acadomia : après la com', le lobbying (Mediapart)
Après un reportage d'Envoyé Spécial démontrant que les entreprises de soutien scolaire n'embauchaient pas de vrais professeurs, Acadomia avait subi une baisse des recrutements début 2009. Le numéro 1 du secteur ripostait en septembre avec une campagne publicitaire "Satisfait ou remboursé" pour la préparation du bac. Mais les ennuis d'Acadomia ne sont pas terminés pour autant puisqu'un député UMP a déposé fin novembre un amendement supprimant la déduction fiscale de 50% dont bénéficient les familles ayant recours aux entreprises de soutien scolaire. Or, selon Mediapart, le Sénat vient de supprimer cet amendement grâce à un travail de lobbying de la part d'Acadomia.
Le site d’information parle d'une véritable "Blitzkrieg au Parlement" pour évoquer la suppression de l'amendement :
"À l'Assemblée, cet amendement avait reçu le soutien des socialistes («Très bien!», avait applaudi Henri Emmanuelli), comme de la commission des finances.
Mais au lendemain de son adoption, Acadomia a sonné le branle-bas de combat et missionné un cabinet de lobbying pour rattraper le coup au Sénat. Son nom: Lysios.
Trois salariés ont été illico mobilisés. Le coût de leurs services? Secret. Ni Lysios, ni Acadomia, sollicités, ne veulent le dévoiler. Les lobbyistes ne livrent d'ailleurs guère de détails: «Travailler en dix jours, c'est pas notre habitude», se contente-t-on de glisser. Compte tenu des délais, ultra-serrés, Lysios s'est concentré sur un tout petit nombre de sénateurs, pour des frappes chirurgicales ciblées.
Catherine Procaccia, vice-présidente UMP de la commission des affaires sociales, s'est ainsi retrouvée à livrer au Sénat des chiffres très «précis» (tirés de quelle étude?): «Cette activité rassemble 1.200 entreprises et emploie 2.000 salariés à temps plein et 50.000 intervenants, soit 5.000 équivalents temps plein, dont beaucoup d'étudiants.» Elle a estimé que la réforme votée par l'Assemblée nationale allait «à l'encontre du plan emploi initié en mars dernier» par le gouvernement, visant à favoriser le développement des services à domicile; puis à l'attention des plus sceptiques, elle a suggéré de créer plutôt une «mission parlementaire»..."
Chez Lysios, on précise qu'"une grosse partie du lobbying a surtout été faite auprès du ministère". Et le travail a été payant puisque l'amendement a été supprimé lundi 7 décembre 2009.
Chez Lysios, on précise qu'"une grosse partie du lobbying a surtout été faite auprès du ministère". Et le travail a été payant puisque l'amendement a été supprimé lundi 7 décembre 2009.
Sur son blog, le député UMP qui avait déposé cet amendement est amer et dénonce ce lobbying express :
"Mes collègues sénateurs de l'UMP et
de l'Union centriste ont surtout vu l'aspect "création d'emploi". Ce
que leur a vendu Acadomia et consorts. Mais ils n'ont pas vraiment
creusé le coût que représentent ces emplois ainsi créés pour le Trésor
Public ... Ils ne se sont pas non plus penchés sur l'efficacité de la
dépense publique.
Est-ce que ce crédit d'impôt répond aux objectifs, à savoir réduire le
coût pour les familles et mieux rémunérer ceux qui font cours ? La part
que prend l'intermédiaire est-elle justifiée ? Les vrais questions sont
là, elles n'ont pas été posées. C'est bien le problème...
Le Trésor public est devenu un vaste fromage où tout le monde se sert. Personne, mis à part quelques parlementaires, ne s'inquiète de la question de l'efficacité de ces dépenses et de leur justification. Et qui paye au final ? Vous et moi..."
Et si vous voulez savoir pourquoi Acadomia n'embauche pas de vrais professeurs, relisez la chronique de Sherlock Com' : "Nouvelle star d'Acadomia : le prof !"
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