"Alors, qu'en dites-vous, vous téléspectateurs, de cette télé sans pub, de ces nouveau horaires ?" David Pujadas, avant-hier, voulait absolument prendre le pouls des Français et connaître leur avis à propos de la suppression de la publicité sur France Télévisions. Pour ce faire, un journaliste du 20 heures de la chaîne, Nicolas Chateauneuf, s'est rendu dans une famille des Yvelines.
Parents, enfants, sapin de Noël et poste de télé : rien ne manque Le père, Bertrand Vinson, est "super content" parce qu'il "déteste la pub", la mère est mitigée (20h35, est-ce bien raisonnable ?), et le fils de 11 ans salive d'avance de longues soirées passées devant le petit écran. Tout ce petit monde est plutôt à l'aise face caméra. Et pour cause : être convaincant, c'est pile le métier de Bertrand Vinson. |
Lorsqu'il n'est pas parti "boire un coup" pendant une coupure publicitaire, l'homme dirige une entreprise de communication, "Art communication création".
Si l'on en croit son cv (sur le site d'une entreprise pour laquelle il est consultant) ...
... il est spécialisé dans "la communication orale en situations d'enjeu", et acteur de théâtre à ses heures perdues. Il est également diplômé d'une école de commerce, l'Edhec.
La parole des téléspectateurs de France Télévisions portée par une famille, plutôt aisée, dont le père est communiquant : la séquence "participative" de France 2 était particulièrement télégénique, et pas forcément très complète.
Mais Nicolas Chateauneuf, le journaliste envoyé chez les Vinson, explique que le choix de cette famille ne s'est pas fait en fonction du métier de monsieur : "J'ai demandé autour de moi si quelqu'un connaissait une famille qui se prêterait au jeu : une collègue m'a dit qu'elle avait une famille de voisins assez sympa, qui accepteraient peut-être. Effectivement, ils ont dit oui, et c'est seulement en arrivant chez eux que j'ai appris que le père travaillait dans la communication" explique-t-il à @si.
Quant à la séquence "participative" sur les avis de téléspectateurs, elle devait en principe être plus fournie : "Normalement, mon duplex était suivi d'une synthèse d'avis d'internautes, mais au dernier moment, ça n'a pas fonctionné. Je ne sais pas pourquoi", détaille Chateauneuf.
De quel oeil les rédactions voient-elles ce type d'autopromo ? Chez les journalistes de France Télévisions, on grommelle en sourdine : pas facile, en effet, de devoir "vendre" sur demande de la direction la nouvelle grille de leurs chaînes, après s'être majoritairement opposés à la réforme de l'audiovisuel public...
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