Bahreïn : des journalistes sportifs découvrent les manifs
Brève

Bahreïn : des journalistes sportifs découvrent les manifs

Annulé l'année dernière pour cause de population en révolte, le Grand Prix de Bahreïn aura bien lieu ce dimanche. Et les premiers journalistes sportifs sur place ont découvert la détermination des opposants.

Ils étaient partis pour couvrir le Grand prix de Bahreïn (prévu ce dimanche 22 avril), ils se retrouvent en pole position pour parler des émeutes. La contestation se poursuit au Bahreïn, dans la lignée des révoltes du Printemps arabe. Et deux journalistes anglais spécialisés dans le sport automobile, Byron Young du tabloïd Daily Mirror, et Kevin Eason du Times, arrivés depuis deux jours à Manama, la capitale de l'émirat, ont mis un temps la F1 de côté, pour suivre les manifestations dans la banlieue de la capitale.

Le Mirror a publié hier le récit de Young. Un activiste lui a confié: "Le Grand prix est une occasion de se faire entendre qui ne se présente qu'une fois par an." L'article de Kevin Eason est publié dans le Times daté du 17 avril.

Avant cela, les deux journalistes ont rendu compte de la situation sur Twitter dès le 16 avril. Depuis, on suit pas à pas leurs aventures, entre slogans anti-pouvoir et odeurs de cocktails molotov. Emergent forcément des interrogations sur la pertinence de couvrir un Grand Prix de Formule 1 dans un pays en révolte. Byron dit: "En ce jour où j'ai senti les cocktails Molotov et les gazs lacrymogènes, je me demande ce que fait la F1 à Bahreïn". Il publie la photographie d'une manifestation où des enfants tiennent une banderole:

"Our demand, Freedom, not Formula (Notre exigence : la liberté, pas la Formule 1)" picto


picto Kevin Eason partage un "curieux souvenir": les balles en caoutchouc "récupérées dans les rues d'Al Dair".

Le maintien du Grand Prix est sujet à controverse depuis plusieurs semaines. Annulation ou maintien, le suspens aura duré jusqu'à vendredi dernier. Ce jour-là, écuries et organisateur se sont réunis et ont décidé le maintien. Interrogé par l'Equipe.fr, le patron de l'écurie Lotus, Eric Boullier, relativise les risques et les enjeux : "Je pense que la situation est sous contrôle et qu'il y aura la sécurité nécessaire pour ce genre d'événement. La F1 est un sport, même s'il y a un business autour, et on a 20 courses à faire dans l'année. Il y a un tournoi de golf en ce moment à Bahreïn, et on ne leur demande pas si c'est éthique ou pas."

 

Les médias français traitent le sujet, avec parcimonie. TF1.fr et 20minutes.fr ont repris mercredi une dépêche AFP notant la recrudescence des manifestations à l'approche du Grand Prix. Et RFI a interrogé la femme de l'opposant Abdel Hadi al-Khawaja, condamné à la perpétuité pour complot contre la monarchie. Son portrait est souvent brandi dans les manifestations.

Cité par Nouvelsobs.com, Bernie Ecclestone, patron de l'agence détentrice des droits commerciaux de la F1, fait mine d'évacuer la question : “Le problème, c'est que tout est discuté par des médias qui n'ont aucune idée de ce qui se passe. (...) Mais il ne se passe rien, tout est calme et tranquille." Il ne doit pas suivre @byronf1 et@easonF1...

(Par Sophia Aït Kaci)

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