Crise au WWF : le panda a la gueule de bois
Brève

Crise au WWF : le panda a la gueule de bois

Rien ne va plus dans l'association au panda. Le WWF France est en pleine crise suite à la publication d'une lettre ouverte d'une cinquantaine de salariés demandant le départ du directeur général de l'ONG, Serge Orru. Dans ce courrier, mis en ligne sur Rue89, ces salariés lancent "un cri d'exaspération": ils reprochent notamment à Orru de détourner les moyens de l'association pour lancer une carrière politique et d'être responsable "d'un profond malaise des salariés". Contactée par Libération, la direction fait front et tente d'expliquer l'origine de cette crise.

C'est un courrier qui n'aurait pas dû être publié. Le 17 juin, 57 salariés du WWF France ("soit 61%" du personnel) écrivent une lettre ouverte pour exprimer "leur profond mécontentement vis-à-vis de la direction générale". Ils réclament le départ de leur directeur général, Serge Orru, qui utiliserait avant tout l'association comme "marchepied d’une carrière politique". "Certes, le positionnement apolitique du WWF ne signifie pas que nous n'ayons pas un rôle à jouer dans l'échiquier politique français ou même européen. Mais en l'occurrence, c'est bien la proximité ambigüe avec le pouvoir et une exposition médiatique opportuniste et anarchique destinée à accroître la notoriété du Directeur général à des fins personnelles que les salariés dénoncent", peut-on lire dans la lettre. La décision d'Orru de proposer à Nicolas Sarkozy un audit sur le coût du nucléaire, sans en référer aux autres ONG, est par exemple très mal passée. Le management d'Orru est également mis en cause : "sentiment de pertes des valeurs de l'ONG", "démobilisation des salariés", "turn-over très élevé (plus de 25%)", "souffrance au travail", tout y passe. Des salariés dénoncent un "climat de terreur et d’insécurité". "Le DG a dérapé car il n’y a pas de cadre à sa fonction. La gouvernance est opaque, on ne sait pas qui décide quoi", a expliqué l'un d'entre eux à Libération.


Contacté par
le quotidien, Orru s'est dit "meurtri" et évoque une "tentative de déstabilisation au moment où le WWF prend de plus en plus de pouvoir politique". Il a reçu le soutien d'Isabelle Autissier, la présidente de l'association WWF France : "Je considérerai la communication sur ces questions à la presse comme une faute grave" a-t-elle écrit dans une lettre en date du 20 juin, qui annonce la tenue d'une réunion de l'ensemble du personnel le 5 juillet. Comment en est-on arrivé là ? Auprès de Libé, Autissier a reconnu un malaise : "Il y a une vraie crise de croissance. Depuis deux ans, les gens se sentent un peu perdus. D’autant qu’ils sont très jeunes - en moyenne 26 ans - et très diplômés. On a peut-être réagi un peu trop tardivement".

Le quotidien rappelle en effet que depuis l'arrivée d'Orru en 2006, l'association a changé de dimension : "Le nombre de salariés est passé de 60 à 100, le budget de 10 à 19 millions d’euros, les donateurs de 130 000 à 180 000…". Selon la direction, c'est cette transition qui se passerait mal.



Mais pour Arnaud Gossement, l'ancien porte-parole d'une France Nature Environnement (FNE) qui connaît bien le milieu, le problème est ailleurs : "Le Grenelle et la nécessaire professionnalisation ont mis le bazar dans les ONG, ça les a forcées à se remettre en cause, a-t-il expliqué à Libération. Elles sont devenues des contre-pouvoirs, l’équivalent des syndicats de salariés. Et puis, la mauvaise ambiance au sein des ONG ne date pas d’hier, ce sont des structures remplies de gros egos."

La crise couvait depuis un moment au WWF France. Il y a quelques mois, le journaliste Fabrice Nicolino avait vivement critiqué la passivité de l'ONG dans l'affaire des gaz de schiste. Et sur notre plateau de Ligne j@une, il avait réitéré ses attaques contre l'association, mais aussi contre les autres grandes ONG comme Greenpeace trop bureaucratisées pour jouer leur rôle d'alerte.

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