Crise au WWF : le panda a la gueule de bois
C'est un courrier qui n'aurait pas dû être publié. Le 17 juin, 57 salariés du WWF France ("soit 61%" du personnel) écrivent une lettre ouverte pour exprimer "leur profond mécontentement vis-à-vis de la direction générale". Ils réclament le départ de leur directeur général, Serge Orru, qui utiliserait avant tout l'association comme "marchepied d’une carrière politique". "Certes, le positionnement apolitique du WWF ne signifie pas que nous n'ayons pas un rôle à jouer dans l'échiquier politique français ou même européen. Mais en l'occurrence, c'est bien la proximité ambigüe avec le pouvoir et une exposition médiatique opportuniste et anarchique destinée à accroître la notoriété du Directeur général à des fins personnelles que les salariés dénoncent", peut-on lire dans la lettre. La décision d'Orru de proposer à Nicolas Sarkozy un audit sur le coût du nucléaire, sans en référer aux autres ONG, est par exemple très mal passée. Le management d'Orru est également mis en cause : "sentiment de pertes des valeurs de l'ONG", "démobilisation des salariés", "turn-over très élevé (plus de 25%)", "souffrance au travail", tout y passe. Des salariés dénoncent un "climat de terreur et d’insécurité". "Le DG a dérapé car il n’y a pas de cadre à sa fonction. La gouvernance est opaque, on ne sait pas qui décide quoi", a expliqué l'un d'entre eux à Libération.
Le quotidien rappelle en effet que depuis l'arrivée d'Orru en 2006, l'association a changé de dimension : "Le nombre de salariés est passé de 60 à 100, le budget de 10 à 19 millions d’euros, les donateurs de 130 000 à 180 000…". Selon la direction, c'est cette transition qui se passerait mal. |
Mais pour Arnaud Gossement, l'ancien porte-parole d'une France Nature Environnement (FNE) qui connaît bien le milieu, le problème est ailleurs : "Le Grenelle et la nécessaire professionnalisation ont mis le bazar dans les ONG, ça les a forcées à se remettre en cause, a-t-il expliqué à Libération. Elles sont devenues des contre-pouvoirs, l’équivalent des syndicats de salariés. Et puis, la mauvaise ambiance au sein des ONG ne date pas d’hier, ce sont des structures remplies de gros egos."
La crise couvait depuis un moment au WWF France. Il y a quelques mois, le journaliste Fabrice Nicolino avait vivement critiqué la passivité de l'ONG dans l'affaire des gaz de schiste. Et sur notre plateau de Ligne j@une, il avait réitéré ses attaques contre l'association, mais aussi contre les autres grandes ONG comme Greenpeace trop bureaucratisées pour jouer leur rôle d'alerte.
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