La téléréalité, les sitcoms américains, les films coupés par la pub, la toute-puissance de l'audience... Toutes ces "merveilles"
de la télévision d'aujourd'hui, explique Daniel Schneidermann, sont issues d'un certain jour de 1987 : le jour de la privatisation de TF1, première chaîne française, vendue au groupe Bouygues. Elle était auparavant publique. Ce sujet capital est celui non pas d'une enquête journalistique, mais d'une pièce de théâtre qui tient aussi beaucoup de l'enquête, et qui sera jouée un peu partout en France en 2022. Son titre : Une télévision française
. Sur notre plateau, Thomas Quillardet, auteur et metteur en scène ; l'acteur Benoît Carré, qui incarne un journaliste dans la pièce ; Laurent Mauduit, cofondateur de Mediapart
et spécialiste des privatisations et des médias ; et Marie-Laure Augry, qui présentait le JT de 13 h avec Yves Mourousi quand la chaîne a été privatisée.
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Pour la pièce Une télévision française
, présentée au théâtre des Abbesses à Paris (5 au 22 janvier 2022), et à La Rochelle (La Coursive), Châteauroux (L'Équinoxe), La-Roche-sur-Yon (Le Grand R), Villeneuve d'Ascq (La Rose des Vents) et Gap (La Passerelle). Les dates sont ici (en bas de la page).
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Attention, pour La Roche-sur-Yon, la place passe de 22€ à 16€ et il faut écrire ici : billeterie@legrandr.com
Nous vous présentons trois extraits de l'émission :
L'abandon du "mieux-disant culturel"
Lors d'une conférence de presse sur la privatisation de TF1, le nouveau propriétaire, Francis Bouygues, et Patrick Le Lay, nouveau PDG de la chaîne, veulent rassurer sur les futurs contenus culturels de la chaîne : "Nous avons prévu au moins huit concerts qui représenteront seize heures de diffusion, et au moins huit spectacles lyriques et chorégraphiques [...]"
En fait, rappelle Laurent Mauduit, il y aura abandon du "mieux-disant culturel",
alors que la privatisation avait été présentée comme une "concession avec des obligations de service public".
Le dernier contrat "arrive à échéance en 2023 ; au total, TF1 aura gardé la propriété de la chaîne pour 36 ans, sans payer un sou de plus !"
ajoute Mauduit.
PPDA "glissait des petits papiers dans les poches des jeunes journalistes"
Marie-Laure Augry a quitté TF1 en 1991, mais se souvient que Patrick Poivre d'Arvor glissait des petits papiers dans les poches des jeunes journalistes femmes en leur disant "Passez me voir dans mon bureau, j'aimerais connaître votre parcours professionnel"
. "On lui disait «écoute, faut peut-être éviter»." "On lui disait à lui ?"
, demande Daniel. "Non, à la fille"
, répond Marie-Laure Augry, révélant ainsi l'impunité du présentateur.
Surgissement du calcul de l'audience "minute par minute"
Un sujet de quatre minutes sur un ballet de Maurice Béjart à Moscou, lancé par Yves Mourousi pendant son journal télévisé: c'était possible sur TF1 avant la privatisation. Et puis a surgi le calcul des audiences "minute par minute", et donc l'abandon des sujets qui ne captaient pas suffisamment de téléspectateurs, alors qu'auparavant, les informations sur les audiences, "c'était tous les trois mois"
, raconte Marie-Laure Augry.
Pour aller plus loin :
- Le site de la pièce Une télévision française
- Le livre-enquête de Laurent Mauduit, Main basse sur l'information
(co-édition Don Quichotte-Mediapart, 2016)
- Un podcast de France Inter (émission Affaires sensibles
) sur la privatisation de TF1, avec le journaliste Bruno Masure
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