Pénuries et inflation : "Geoffroy Roux de Bézieux devrait lire Karl Marx"

Arrêt sur images

Les médias face à l'économie post-Covid

Télécharger Écouter
L'émission
Télécharger Écouter
  • Avec
    Romaric Godin et Anne-Laure Delatte
  • Presentation
    Maurice Midena
  • Préparation
    Adèle Bellot
  • Réalisation
    Antoine Streiff
Offert par le vote des abonné.e.s

Des citoyens britanniques qui font la queue sur des centaines de mètres pour faire le plein d’essence, des paquets de pâtes à 17€  dans un Liban en crise... Pénuries et inflation agitent le monde, les sphères économiques s'inquiètent. Ni la France ni l’Union européenne ne sont épargnées.

Entre une offre de produits en baisse et une demande croissante, due à la reprise économique d'un monde qui essaye de sortir tant bien que mal de la crise sanitaire, ressurgit un phénomène qu’on avait un peu oublié : l’inflation. Elle s’élève en France à 1,9% en 2021 selon l’Insee, et grimpe même à 4,5% chez nos voisins allemands. Faut il avoir peur de l’inflation ? Ou faut-il craindre davantage les discours médiatiques et de certains économistes à ce sujet ? Maurice Midena reçoit Anne-Laure Delatte, économiste, chercheuse au CNRS, et Romaric Godin, journaliste spécialiste de macroéconomie à Mediapart. Voici trois extraits de notre émission.

"Si on augmente les salaires, on augmente les prix" 

Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, s'est exprimé sur sa crainte qu'une augmentation des salaires fasse augmenter les prix. "Quand Geoffroy Roux de Bézieux nous dit «Ah c'est automatique, si on augmente les salaires, on augmente les prix», bah c'est pas si automatique que ça. Geoffroy Roux de Bézieux devrait lire Karl Marx qui a écrit un excellent livre au milieu du 19e siècle là-dessus, et qui explique que justement non, c'est pas automatique."

Le mythe des petits portefeuilles 

Lors des périodes d'inflation, la presse et les télévisions sont friandes de sujets sur les placements financiers qui rapportent en cas d'augmentation générale des prix. Car quand il y a de l'inflation, les créanciers sont perdants... Maurice Midena se demande si cela ne porte pas préjudice aux ménages à revenus moyens qui ont des petits portefeuilles d'actions.  "En fait, en France et en Europe, on n'a pas de petits portefeuilles d'actions, explique Anne-Laure Delatte. Ceux qui détiennent des actions, ce sont des gens extrêmement riches."

L'inflation, ça a du bon

Au micro de Blast, l'économiste de gauche Gaël Giraud soutient qu'une inflation, même jusqu'à 6%, ne pose pas de problème et qu'elle est même bénéfique pour une économie. Un discours qu'on n'entend pas beaucoup dans les médias généralistes. "C'est normal, souligne Anne-Laure Delatte, on est dans un régime économique néolibéral dont la pierre angulaire est la stabilité des prix […] C'est pour ça que vous n'entendez pas sur les plateaux des économistes vous dire «c'est bien 4/5%», c'est un gros mot pour les économistes."

hyperinflation et nazisme

Derrière la peur de l'inflation se cache celle de l'hyperinflation, soit une augmentation très forte et erratique des prix. Cette hyperinflation est souvent mise en avant comme un épouvantail, car elle aurait mené, notamment en Allemagne dans les années 20, à la prise de pouvoir par les nazis, ce que contredit Gaël Giraud interviewé par Blast en février dernier. Comme Romaric Godin dans notre émission : "Aujourd'hui on a des études économiques, le Monde s'en est fait l'écho, je crois, il y a quelques jours, qui montrent que le lien n'est pas entre l'arrivée d'Hitler au pouvoir […] et l'hyperinflation de 1923, mais entre la politique de déflation qui arrive en 1929, […] qui là, pour le coup, va provoquer une explosion du chômage, et effectivement être une porte ouverte au discours nazi."

Pour aller plus loin

- "Au Liban, le prix des produits de base explosent"(Brut)

- "La stagflation, menace ou fable", par Romaric Godin (Mediapart)

- "Un shot d'éco", le podcast d'Anne-Laure Delatte.  


Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Lire aussi

BFM Business censure Xavier Niel

Le patron de Free était interrogé sur un éventuel rachat de SFR, du même groupe que BFMTV

Presse et idéologie d'extrême droite: le précédent François Coty

Avant les médias de Vincent Bolloré, il y a eu les journaux du parfumeur corse François Coty

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.