Il est jeune, a une mémoire quasi absolue, ne dort jamais selon le Figaro, et viendrait de l'aile gauche de la macronie. Gabriel Attal est devenu Premier ministre le 9 janvier, abandonnant son poste de ministre de l'Éducation nationale après cinq mois et 20 jours à gérer l'école. Dans les portraits d'Attal, on loue son âge donc, son talent politique, son énergie, son ascension fulgurante à seulement 34 ans. Mais on s'attarde peu sur son bilan, forcément limité par le temps, à l'Éducation. C'est pourtant pendant ces cinq mois que Gabriel Attal en a le plus dit sur sa vision de la société. Abaya, harcèlement, uniforme : il a choisi les dossiers les plus médiatiques pour imposer sa marque. Avec quels résultats ? "Les profs l'ont aimé", répètent en boucle les éditorialistes. Vraiment ? Pour le remplacer, Amélie Oudéa-Castera, qui gèrera en plus : la Jeunesse, les Sports, les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques. Programme chargé qui promet à l'Éducation nationale une relégation en deuxième division des chantiers gouvernementaux. Aujourd'hui, nous faisons donc le bilan d'Attal à l'Éducation nationale, et de ce que cela dit de la politique qu'il portera à Matignon, avec Mathilde Goanec, journaliste spécialiste des questions d'éducation chez Mediapart, et Guislaine David, enseignante et co-secrétaire générale du SNUipp-FSU.
Jeune mais pas trop
On nous le rabâche à longueur de journée : Gabriel Attal est jeune, très jeune, le plus jeune. Une info pas franchement centrale pour définir le nouveau Premier ministre, sauf si on la met en regard avec sa politique, estime Mathilde Goanec : "Ce qui est intéressant quand on parle de son âge, c'est de voir à quel point sa politique à l'Éducation nationale était ancienne, voire passéiste. Ça, c'est intéressant, un homme politique de 34 ans qui va nous parler d'autorité, de savoirs un peu en mode IIIème République, d'uniforme évidemment. Même sur la laïcité, une vision assez ancienne de la question de la laïcité."
Au cabinet d'Attal, tout pour la comm'
Guislaine David a vu défiler beaucoup de ministres de l'Éducation depuis le début des mandats d'Emmanuel Macron. Mais Gabriel Attal est le seul à s'être entouré d'un cabinet très étoffé sur la partie communication : "Là où il a été très bon, c'est sur la communication et la façon dont il fait passer les éléments de langage. Le cabinet était étonnant parce qu'il y avait énormément d'attachés de comm', certainement plus que d'attachés à l'éducation. On était très suivis sur les réseaux sociaux. On faisait des tweets qui remettaient en cause sa politique, on avait un SMS ou un appel du cabinet."
L'Éducation + le Sport + la Jeunesse + les JO
Amélie Oudéa-Castéra récupère, en plus de son portefeuille des Sports de la Jeunesse et des JO, l'Éducation nationale. Un triple (ou quadruple ?) ministère qui risque de reléguer l'école bien bas dans les priorités de 2024 avec les JO en vue. Pour Mathilde Goanec, c'est en fait Gabriel Attal qui va gérer en surplomb. Le souci, selon elle : "C'est impossible pour Gabriel Attal de faire ça [gérer l'
Éducation nationale]
depuis Matignon. Ou alors, Matignon sera mal géré, ce qui est un problème pour la France. La direction politique va venir de Matignon, la mise en œuvre va redescendre sur le ministère et Amélie Oudéa-Castéra, on verra comment elle se dépatouille sur le plan de la communication."
Pour aller plus loin
- Le communiqué du SNUipp-FSU sur la nomination de Gabriel Attal à Matignon.
- Les enquêtes et analyses de Mathilde Goanec pour Mediapart.
- Remaniement, la diagonale du vide sur BFMTV, à lire sur notre site.
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