Le coup d'envoi de la COP 28 a été donné à Dubaï le 30 novembre, avec un objectif : trouver des solutions pour ralentir, endiguer, arrêter (rayer la mention inutile) le dérèglement climatique. Mais dans les médias, difficile de dire que la couverture est à la mesure de l'enjeu. D'abord parce que les Émirats arabes Unis sont la cible parfaite : producteurs de pétrole, pollueurs, et pas franchement démocrates. Ensuite parce que le fonctionnement de la COP intéresse peu, à tel point qu'on pourrait se dire qu'à part une suite de conférences et de bonnes intentions, il n'en ressortira pas grand chose. Alors la plupart du temps, c'est l'angle solutionniste qui gagne : regardez cette voiture révolutionnaire en chanvre ou ce thermostat connecté ! Ils nous sauveront !

Pour retirer la lorgnette et comprendre les vrais enjeux de cette COP ô combien importante, nous recevons Juliette Quef, co-fondatrice et présidente du média en ligne Vert ; Éva Morel, co-fondatrice de l'association QuotaClimat ; Raphaël Demonchy, co-fondateur de l'association Climat Médias. 

Trop facile de taper sur Dubaï

C'est pratique, mais ça n'avance pas à grand chose. Pour Raphaël Demonchy, pointer du doigt les travers de la société dubaïote permet de se rassurer à peu de frais, en faisant l'économie de traiter les vrais enjeux de la COP28 : "Nous, Français, qui regardons ça, on peut se marrer en se disant : «Dubaï, c'est vraiment n'importe quoi, ils sont loin du compte. Nous on est vachement meilleurs !»"

Comparaison n'est pas raison

Là encore, il s'agit de montrer que les Dubaïotes font moins bien que les Français en comparant leurs émissions de CO2 par tête. Une comparaison inepte pour Éva Morel, pour qui ces chiffres sont un hors sujet complet : "C'est fou, la comparaison par rapport au moins-disant, c'est un des discours de l'inaction climatique. Plus on se compare à ceux qui font moins, plus on se conforte sur le fait que nous, on est très bien dans l'état actuel et qu'on peut attendre pour se mettre en mouvement."

Technosolutionnisme à tous les étages

Sur TF1, Renault fait la pub de la voiture du futur qui règlera tout : une familiale faite... de chanvre. Du moins certaines parties en plastique de son habitacle. Un extrait qui a provoqué un fou rire en plateau, partagé par Juliette Quef : "Ce qui fait l'empreinte carbone de cette voiture, c'est l'acier qui a été produit pour la carrosserie, le pétrole qui a été utilisé pour produire les pneus, le carburant de la voiture, bien entendu. Les accoudoirs en chanvre sont vraiment anecdotiques."

Pour aller plus loin

- Le site de Climat Médias.
- Le site de QuotaClimat (et le rapport de l'association sur les COP précédentes). 
- Le site de Vert (et un reportage sur le technosolutionnisme débridé qui s'affiche en pleine COP28).