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Un journaliste à vélo

Attention, voici l'attaque d'article la moins incitative de toute l'histoire cette chronique matinale

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cette proximité change en effet l'approche et la sensibilité .
Je ne comprends pas :
1) sur quelles bases qualifiez-vous ça (tout ce qui se passe et se vit...hors de votre microcosme) de "rien" ?
2) surtout lorsque vous (DS - cf. par ex. votre dernière phrase - ainsi que l'auteur du billet en question sur Le Monde) développe une logique (pour une fois, quelque part différente) qui démontre précisément que c'est précisément pas de l'ordre du "rien" ?

Lorsque l'on constate l'accumulation et l'enchaînement d'images, de sondages... (cad uniquement que des techniques) qui s'accompagnent d'une réduction du temps de parole ou alors une parole qui est "montée"/pré-fabriquée, est-ce quelque chose ? En d'autres termes, est-ce du contenu/de la substance (ex. matérielle, d'info) pour le journalisme ?

C'est en effet étonnant qu'il y ait cette déconnexion du journalisme français, du terrain (réel) et des habitants/résidants/concitoyens. C'est tout un écosystème auquel vous, journalistes français, vous appartenez... bien qu'apparemment vous vous ne intégrez pas dans cet écosystème.

Merci tout de même pour cette découverte. Je ne sais pas ce qui arrive au Monde, mais je trouve cela bien qu'ils semblent apparemment adopter d'autres angles de perspectives... cela change !
En vous lisant, oui vous tous, je me fais LA réflexion :
Quelle chance d'être un "bouseux" peinard, à la limite des bois, une voiture passant de temps en temps
et je conclue belle vie de retraité, et quelle immense chance, profite gamma !
Je suis égoïste...
Non, je plaisante !
gamma
"Capturer le rien": l'impossible même, comme Flaubert le premier réussit à y échouer: grâce au supplice de l'écriture qu'il s'est infligé. Son projet de roman où il ne se passerait rien, se trouve renouvelé au plan du reportage par Hopkin, si l'on en croit le 9:15 de ce matin. L'intérêt de ce billet de Daniel Schneidermann est de nous faire découvrir la double raison de ce nécessaire et miraculeux échec. Échec nécessaire comme, de fait, surabondamment, le journaliste l'établit: il y a en effet toujours trop de réel, qui nous détourne du rien* essentiel. Mais échec miraculeux car il y a une préalable contrepartie: parce que le rien, lui, nous a capturés. Reste ainsi à méditer ce que "rien" signifie: ce à quoi la philosophie ne s'est que rarement, et toujours insuffisamment, risquée, mais qui constitue plus que jamais la tâche de la pensée.

*Entre toutes les puissances de ce monde la plus importante est le rien, comme le signifie Léonard de Vinci.
Je profite de cette chronique pour saluer tout le projet "une année en France", d'ailleurs, que je vois s'arrêter avec grand regrêt.

J'ai envie de penser que c'est par ce travail journalistique là qu'on pourra toucher la montée du vote FN dans ces zones médiatiquement invisibles, pas de façon spectaculaire, sans jouer à la grande indignation effarouchée des plateaux télé, le comprendre, et peut-être à terme le faire baisser.

J'aimerai que le monde prolonge la série. Merci Benoit Hopquin (et les autres).
C'est un travail d'ethnologie, pour moi... qui exige en effet de la disponibilité de la part du "rapporteur"...
Passer du temps avec des gens, des "autres", les observer, noter tout, partager leur quotidien, c'est exactement le travail d'un ethnologue. Certes, il y a plusieurs tribus à Sucy en Brie, mais la tribu-de-ceux-qui-prennent-les-transports-en-commun-en-IDF, B. Hocquin en a fait partie. Enfin un journaliste qui sort de sa tribu de journalistes pour aller voir comment ça se passe ailleurs. Florence Aubenas l'a fait avant, Gunther Walraff avant aussi...

Tout ça prouve que plus nous sommes nombreux, plus nous nous éloignons les uns des autres... (tu parles d'une philosophie de bas étage... normal, il fait lourd).
Hopquin ne fait que nous renvoyer à notre condition de banlieusards pour lesquels les transports en commun sont un élément fondamental des conditions de vie. Et c'est parce que ça se dégrade là que notre lente tiermondisation n'en est que plus visible.
C'est là aussi qu'on voit, comme le dit Moonathalouk, que dans la grande couronne, les gens se regardent moins.

Je me suis cassé la cheville, et alors que je suis en rééducation, je me déplace avec une béquille. Et je prends le bus pour circuler.

Lorsque je sors de mon travail à 16 heures (j'ai la chance d'avoir le choix), les transports sont moins bondés, mais occupés par des Parisiens qui se lèvent spontanément pour me laisser leur place. Ils sont enjoués et polis.
A 17 heures, ce sont des gens de la Petite Couronne, ils sont polis et m'offrent la place plus dans un souci de bonne organisation qu'avec le sourire. Cela se fait. Ils sortent du bus, souvent, en même temps que moi.
A partir de 18 heures, le bus est archi-bourré. Il est très difficile d'avoir une place. Les usagers sont dans leur monde, ils ne se regardent pas, et ils ont un air avachi et harassé qui montre qu'ils sont plus fatigués que moi, et qu'il leur est aussi difficile de tenir debout. Fort heureusement, je descends longtemps avant eux, et ils ont l'air d'en avoir encore pour beaucoup de temps, ce qui explique qu'ils tiennent à leur place assise.
Le seul fait que j'aie des difficultés me fait prendre conscience de celles des autres.

La différence avec eux, c'est que moi j'ai vraiment le choix. J'ai pu choisir de vivre dans du petit espace entassé les uns sur les autres, mais plus près de tous les centres d'intérêt, y compris de mon boulot.
Et parfois cette dispersion explosive d'un centre vers l'extérieur, tous ces petits éléments qui s'égarent dans un ordre strict, tout cela me donne le vertige. La région parisienne, un monde qui pulse, qui le matin se concentre vers son coeur. Et le sang qui repart vers l'extérieur, tous les soirs, à travers mille vaisseaux, des bus, des tramways, des RER, des trains..... Et nos millions de destins individuels ballottés dans ces artères, en globules plus ou moins anémiés... Tout cela pour se retrouver tous dans des petites cases de chaque côté du parcours...

La banlieue parisienne.
Honnêtement, je n'ai pas envie de lire la chronique d'une vie quotidienne d'allers et de retours vers ces extrémités anémiées, ces villes nouvelles qui n'ont de villes que le nom.
Même si c'est de la matière à du vrai journalisme, le monde réel qui pulse et qui irrigue son centre, la vraie vie de millions de gens qui y laissent leur énergie.
Ah oui, l'horreur des transports en région parisienne! et encore, je n'y travaillais pas. Le gag du bus de correspondance (trois par heure), on court comme une folle pour l'attraper, jusqu'à ce qu'on tombe sur les horaires: il part une minute avant l'arrivée du RER, bonjour la correspondance, à un arrêt qui déverse des centaines de voyageurs. Et quand vous essayez d'en parler avec un contrôleur, c'est rien de dire qu'il s'en fout, mais alors il s'en fout, complètement, absolument, totalement. L'escalier automatique toujours en panne, grimper avec la poussette de bébé à bras le corps, la marche de descente du train qui fait bien 50 centimètres, les grèves... les grèves sur la banlieue Nord, toujours plus dures, plus longues qu'ailleurs, le "dernier train" qui part de la gare du Nord et vous lâche finalement un arrêt avant le vôtre, les gens paniqués qui vous écraseraient, vous et votre couffin et le bébé qui est dedans...

La bonne femme qui regarde sa montre, la crèche va fermer, et on est encore loin. L'autre, qui claustro-phobe quand on stoppe dans un tunnel, les voyageurs autour essaient de la calmer, pas par altruisme, par peur de la contagion. Les gens qui se retournent quand la porte va se fermer, un bon coup de cul pour tasser ceux qui sont maintenant derrière eux et éviter de se faire coincer ce qui dépasserait. Et puis celle qui a trouvé une place assise, et qui tricote tranquillement, et un point à l'envers, et un point à l'endroit, un point pour saint joseph, un point pour saint thomas... j'ai même rencontré des voyageurs heureux.
Bonjour
"On n'écrit pas la même chose, selon que l'on se déplace en métro aux heures creuses, en voiture, en TGV, en RER, en bus de presse, en wagon spécial affrêté par les communicants, ou bien à pied ou à vélo"
La phrase peut aussi s'appliquer à nos représentants politiques.
Bien qu'ils croient s'être mis au niveau en s'arrêtant aux feux rouges, ils sont encore loin du ressenti de la mass populi.

Par ailleurs je vous invite à écouter la conclusion du documentaire su Pétain hier sur ARTE.
A méditer aussi… surtout qu'elle venait d'observateurs étrangers loin des tractations politiciennes françaises.
[quote=Plutôt que de s'abimer la vue, de tout en haut, sur des statistiques obscures, des discours de coton, et des fourmis indéchiffrables, peut-être peut-on, de temps en temps, à hauteur de piéton ou de cycliste, (comme ici, là ou là, par exemple) tenter de redécouvrir quelques certitudes de la terre ferme.]

Le journal Fakir le fait déjà, tout comme l'émission "là-bas si j'y suis" de Mermet, entre autres... A des années-lumière du journalisme de recopiage "en partenariat avec l'AFP" qu'on a vu fleurir ces dernières années.
M'enfin, vous voyez Apathie ou Joffrin prendre le bus avec des pue-la-sueur pour leur demander comment ça va au boulot ?
Regret de n’avoir lu le blogue de Benoît Hopquin qu’à la fin (l’article sur le chanteur Eric Jadot, où j’ai eu la surprise de voir passer furtivement, dans les commentaires, la grande chanteuse Hélène Martin)

Sur la douleur des transports. Je me demande si elle n’est pas aggravée, outre la longueur et l’inconfort, les incidents, par l’individualisme, la méfiance et la peur de l’autre qui sont devenus des marqueurs forts de notre société.

Je dis ça en me remémorant les séjours que j’ai faits en Ukraine entre 1998 et 2005. En immersion, pas en touriste enclubmerdé. J’ai donc beaucoup pris les transports collectifs : train de nuit L’viv-Odessa, autocars de ville à ville, trolley de L’viv, taxis collectifs. D’une manière générale, les véhicules auraient fait dire aux gens du RER qu’à côté ils roulaient en Rolls. Bruit, pannes, lenteur. Les plus impressionnants étaient de petits autocars d’avant guerre, où la peinture servait à cacher la rouille, dont nos poules n’auraient pas voulu pour poulailler.

Mais, même ne connaissant pas la langue, il me suffisait de voir les visages et d’entendre les mots pour sentir comme de la tranquillité. Non dénuée de résignation, comme la fois où notre trolley s’immobilisa dans une côte et dans une gerbe d’étincelles : pas un mot à l’intérieur. Je n’oublierai jamais cette contrôleuse de bus passant faire payer les passagers, ne perdant pas un cm de sa taille, obtenant sans coup férir une pièce de djeuns qu’ici on nommerait caillera. Ces occupants d’un taxi collectif (en fait, un genre de fourgonnette équipée de sièges en tube) passant l’argent des voisins vers le conducteur et faisant redescendre la monnaie. Et le thé offert à tous par la chef de wagon dans le train de nuit.

Pourquoi ? Parce que les Ukrainiens, par un des rares effets positifs du communisme, ont (avaient* ?) le sens de la solidarité.

Je pourrais vous en faire un livre :-)

* Depuis dix ans, rien ne me dit que l’esprit individualiste des « businessmen » en gros 4x4 à vitres noires, ces nouveaux riches que sont devenus les anciens apparatchiks, n’a pas gangréné cette solidarité…

PS Peu de commentaires, alors qu'il est dix heures passées. DS aurait-il dû parler de VT, de JLM ou de PD les bourses plates ?

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