Comment le sauveteur de la policière de Champigny s'est retrouvé accusé du tribunal Praud
Une gardienne de la paix au sol, rouée de coups. Les images du réveillon à Champigny-Sur-Marne ont essaimé sur les réseaux sociaux, d'abord, puis dans les médias, suscitant l'indignation générale, et la mobilisation des policiers. Sur la chaîne C8, Pascal Praud y a consacré la première partie de son émission l'Heure des Pros. Mais son invité, un jeune ayant porté secours à la policière en difficulté, s'est retrouvé porte-parole malgré lui des "jeunes issus de l'immigration qui ont un rapport compliqué avec la police".
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Derniers commentaires
Dans ma verte jeunesse, blanc de peau mais portant des cheveux longs, mon acné prononcée et un look de jeune façon adolescent en pleine rébellion, j'avais souvent l'occasion de converser avec les vigiles des magasins de ma petite ville de province sur des questions telles que "qu'est-ce que tu es venu faire là? acheter un truc, M'sieur" et "t'es sûr que t'as rien volé? Je t'ai à l'oeil! Oui M'sieur. (j'ai bien remarqué M'sieur, c'est même pour ça que vous avez pas vu la petite vieille fourrer deux shampoings discretos dans son sac à main)".
Quand aux manifs, mon père qui avait connu 68 m'avait fait la leçon : "tu es jeune, tu as une tête de jeune, donc pour les policiers tu es présumé coupable. Dès qu'ils s'approchent, fous le camp discretos et planque toi dans un immeuble ou autre chose. Je ne tiens pas à te retrouver éborgné ou pire".
Et puis j'ai vieilli. J'ai prix du poil blanc. Mes cheveux longs m'emmerdaient, je les ai coupé. J'ai changé de style pour un style plus "conforme".
Dans les magasins, les vigiles m'ignorent ou me disent "Bonjour Monsieur".
Les policiers m'ignorent ou me vouvoient poliment si je leur demande un renseignement. Sauf éthylotest, les gendarmes ne me contrôlent jamais au volant.
Je suis toujours prudent à l'égard des forces de l'ordre dans les manifs. Dans le pire des cas je fais le benêt débarqué de sa province profonde/ le touriste paumé.
M. Praud ne cesse de demander à ce jeune si lui et ses semblables ne manquent pas de respect envers les policiers. S'est il posé la question réciproque? Et a t il jamais vécu ce que vivent ces jeunes au quotidien pour vouloir autant en parler? A l'entendre, on a l'impression d'entendre le pape comparer les mérites de différents préservatifs!
Ayant vaguement entendu parler de ce fait divers et des réactions que ça suscitait (j'étais pas encore remis de la crise de foie du premier de l'an), notamment les manifs de policiers (troll on: -qui c'est qui se charge de les matraquer au fait, quand ils défilent?-), je pensais à ces paroles des Béruriers noirs:
(Baston, Macadam Massacre, 1984)
"Faut pas que les flics s'étonnent
De se faire casser la tête
C'est normal quand ils nous cognent
Qu'on éprouve de la haine"
Ben ça se vérifie encore 30ans plus tard...
Sans connaître les détails de l'affaire, j'avais en mémoire les dernières grosses manifestations avec la gestion déplorable de la foule.
Ben là, bis repetita placent.
Je suis infiniment triste pour la policière, elle s'est trouvé dans un mouvement de foule, foule dont la connerie est souvent phénoménale. J'espère qu'elle s'en sortira.
Mais quel est le sombre crétin qui a fait charger ses troupes à coup de flashball et de lacrymo et qui n'est pas capable de protéger ses propres troupes après? Il est évident que des jeunes qui venaient de se faire taper dessus par des types en uniformes risquaient de très mal percevoir tout uniforme dans les heures qui venaient, et vouloir se venger, consciemment ou non. C'est humain. A fortiori dans une foule.
Quant à l'action des média (je ne pense pas que le terme journaliste puisse s'appliquer à eux), elle est tellement prévisible à notre époque...
Avec tous les risques que cela comportait sur le plan de la sécurité.
https://twitter.com/medini80608473/status/947939609157226496
on ne sait pas si Ali se retient de dire ce qu'il pense vraiment pour pas faire monter la sauce, mais c'est assez impressionant le niveau d'alienation qu'il faut de la part de Praud et de certains journalistes pour que la simple énumération des faits vécus par le jeune homme constitue pour eux une intrusion insupportable et inadmissible de la réalité dans leur système de pensée.
(sur son twitter ils sont perdus, certains arrivent quand même à lui reprocher "d'être là", d'autres le félicitent "d'avoir fait face à cette horde de sauvage"
https://twitter.com/medini80608473/status/947894553008328709
)
C'est bien là la question.
Après tout, une suite de circonstances malheureuses est à l'origine de ce regrettable incident, ce qui ne dédouane en rien les coupables.
Qu'après, on en parle sans savoir, et qu'on dise n'importe quoi en omettant une partie des éléments, ça s'appelle une fake news.
Non ?
D'autant que l'attaque sur une femme était ignoble et mise en avant tandis qu'on apprenait aussi dans le même temps le sort de son collègue plus gravement atteint, plus longuement en arrêt maladie.
Le jour d'après arrivent sur les mêmes ondes les autres faits relatant cette soirée étonnante. Des faits qui n'enlèvent rien au caractère ignoble du lynchage mais qui donnent aussi comme cet article l'autre versant. De même que cet article qui va plus loin et parle du tribunal ordinaire de C8 et consœurs qui désignent toujours les coupables même lorsque les évidences partagent les torts.
J'aimerai poser une question sur un sujet apparenté car je pensais qu'un article de @SI en parlerait :
Les mêmes ondes radio parlaient des vœux du gentil dictateur et de l'apparition soudaine dans la caméra d'une incongruité : Marianne au dessus du mot Fraternité.
J'ouvre Le Monde et voit une photo.
Ma question : avez-vous comme moi l'impression que ce mot Fraternité et cette Marianne avaient par le choix calligraphique et esthétique un aspect bien de chez nous qui fleurait bon l'époque du fameux travail famille patrie ? Maître Korkos aurait pu nous en dire davantage.
Le premier, Mathieu Kassovitz, avait tweeté le 26 décembre, après une opération anti-drogue de policiers nantais qui leur avait permis de récupérer... 7g de résine de cannabis : Bande de bâtards. 7g !!! 24 policiers !!!!! Vous êtes une belle bande de bon à rien @Police nationale.
Devant le tollé suscité, il avait ensuite rectifié le tir : Évidement je m’excuse pour les insultes mais sans être excessif les choses ne bougent pas. Nous avons un problème de relation avec la police dans ce pays et sur les légalisations des drogues.
Pour finalement écrire à propos de l'agression de Champigny : Ces images de #Champigny sont horrible. Je n’ai pas d’insulte assez forte pour condamner ces fdp. Frapper une femme à terre dépasse toutes les lâchetés. Tout mes souhaits à la policière blessée.
Et également : Frapper un policier est un crime odieux. Les hommes et femmes derrière l’uniforme méritent le même respect que nous attendons d’eux. #Champigny.
Est-il besoin de noter que son revirement n'a pas convaincu tout le monde.
Le second, Usul, chroniqueur à Médiapart, et référence de quelques @sinautes en mal de provocation adolescente, avait de son côté publié en mai dernier, une vidéo dans laquelle il déclarait, notamment : Les gens se disent : la démocratie est bloquée, donc essayons de la débloquer. Et on peut en effet la débloquer en gueulant un bon coup, en sortant dans la rue et en tabassant des flics, enfin en tabassant, c’est un grand mot, vu comment ils sont protégés, c’est pas évident.
C'est d'ailleurs d'autant moins évident quand on est gaulé comme lui, mais c'est tellement excitant et téméraire d'envoyer les troupes au casse-pipe, en restant bien planqué à l'arrière.
Le Zapata de salon ose ensuite gémir : Inutile de préciser que je reçois depuis, sans discontinuer, des menaces de violence, des gens qui souhaitent ma mort ou mon viol... C'est pas très Charlie tout ça.
Ce à quoi la Twitto Sabrina A. réplique : Selon Usul, le bashing qu'il subit suite à ses propos sur les policiers est dû à l'esprit "pas très Charlie" des gens. Saluons cette excellente remise en question !
Puis s'amuse : Hâte de voir Usul aller porter plainte pour les menaces qu'il reçoit, auprès des... flics.
Hé hé, c'est ce que je croyais, moi aussi, jusqu'au témoignage de Madini. Si on réfléchit bien, c'est réconfortant de constater que je suis aussi bien-mal informée que "le rédacteur en chef adjoint de france info". À moins que ce ne soit inquiétant?
Après, si la police se met à traiter, quand ils sont mélangés, les "français à part entière" aussi brutalement que les "français entièrement à part", la question de savoir si ceux qui "détestent la police" sont uniquement des basanés... ou pas... va très rapidement perdre de sa pertinence.
J'avais entendu, sur France Info, une partie du témoignage d'Ali Madini (je crois) qui faisait état d'une intervention policière violente avant l'agression. Alors que France Info s'est spécialisé dans la répétition ad nauseam de certaines de ses séquences, celle là n'avait pas reparu, et je trouvais ça bizarre. Je comprends mieux que cette discordance par rapport à la version officielle empêchait une instrumentalisation au profit de la police.
Loin de moi l'idée (que certains ne manqueront pas de m'attribuer) d'approuver ou même d'excuser une agression minable et honteuse. Essayer de "comprendre" reste, toujours et partout, indispensable, et honte à ceux qui tentent de nous intimider pour nous y faire renoncer.
Merci encore M. Madini pour votre réaction et pour vos propos intelligents !
Elle confirme aussi une tendance qui se dessine sur le site depuis quelques semaines : Mme Truong, tout en gardant un point de vue "journalistique" sur son sujet, comme c'est la tradition à @si, distille quelques éléments sur un angle plus "essayiste", esquissant une critique des médias plus proprement politique que "déconstruction des récits". Ce qui laisse penser que pour compléter son excellent travail sur le site elle pourrait, à ses heures perdues, exploiter pleinement ce filon en proposant par exemple des textes plus radicaux à un site comme Acrimed. Ce serait sans doute très intéressant à lire. Y avez-vous déjà songé Mme Truong ?
A mettre en relation avec les flagorneries d'un, au hasard , L.Delahousse (pour n'en citer qu'un, mais les prétendants sont légion...)
Il est hors de question que je m'inflige le visionnage de l'émission de Praud, mais lire le compte-rendu que vous faites de sa remise en place par deux de ses invités est réjouissant.
n.f. Propédeutique préalable à une bonne ratonnade.