Les punaises de plateaux TV prolifèrent sur CNews
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Les punaises de plateaux TV prolifèrent sur CNews

Pascal Praud fait le lien entre "punaises de lit" et "immigration"

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Il est 9 h 05 sur CNews ce 29 septembre et Pascal Praud est d'humeur à poser des questions bien rances. Nicolas Roux de Bézieux, le fondateur d'une entreprise qui extermine les punaises de lit, est l'invité de L'heure des pros pour parler de ces nuisibles, qui prolifèrent actuellement dans les espaces publics des grandes villes de France. Praud n'y va pas par quatre chemins.

"Est-ce qu'on sait pourquoi il y a plus de punaises de lit aujourd'hui ? demande-t-il. Est-ce lié à l'hygiène ? Je vais poser toutes les questions : il y a beaucoup d'immigration, en ce moment. Est-ce que c'est des personnes qui n'ont pas les mêmes conditions d'hygiène que ceux qui sont sur le sol de France qui apportent, parce qu'ils sont dans la rue, parce qu'ils n'ont pas accès à tous les services comme les autres... Est-ce que c'est lié à ça ?"

Les punaises de lit sont des insectes rampants qui se nourrissent de sang humain - "comme les vampires", a précisé Praud en introduction. L'éditorialiste vient désormais de tenter d'établir un lien direct entre la prolifération de ces nuisibles et les migrants, en s'interrogeant sur leur manque supposé d'"hygiène". Comparer directement l'immigration à de la vermine, ç'aurait été trop peu subtil : l'inspiration maurassienne aurait été trop évidente. "En octobre 1920, Charles Maurras, dans l'Action française affirme que «l'effroyable vermine des Juifs d'Orient, apporte les poux, la peste, le typhus»", rappelle le journaliste Pierre Ropert sur X (ex-Twitter).

Praud n'y est pas tout à fait, mais l'essence est là, dans toute sa perfidie nauséabonde et son racisme assumé. C'est aussi l'avis du chroniqueur de Libération, Jonathan Boucher-Petersen, qui écrit : "Sans dire que Praud affirme ouvertement que les punaises et les migrants sont deux formes de nuisibles, il y a dans son esprit une indéniable association d'idées."

Nicolas Roux de Bézieux arrête net le délire raciste de l'animateur : "Absolument pas. Les punaises de lit, ça n'a aucun lien avec l'hygiène. Ça touche absolument tout le monde, c'est plutôt un coup de «pas de chance»." Il rappelle que dans les cinq dernières années, 11% des Français ont déjà subi l'enfer des punaises de lit, qui touche toutes les classes sociales. Praud le sait bien : il vient d'expliquer en introduction que "ce fléau semble n'épargner personne, des chambres de bonne jusqu'aux hôtels particuliers". Il le sait pertinemment, Pascal Praud, que ces sales bestioles n'ont nul besoin d'être "apportées" par "l'immigration" pour proliférer sur le "sol de France". Mais il ne pouvait pas manquer une telle occasion de canaliser les plus fétides idéologies du siècle dernier. On aimerait qualifier CNews d'égout : ce serait encore un terme trop noble.

Vivement critiqué sur les réseaux sociaux pendant la suite de L'heure des pros - qui venait de débuter quand il a lié migrants et punaises de lit - Pascal Praud a tenté de se rattraper en fin d'émission, en soulignant que "dans les aéroports", "les touristes peuvent transporter des punaises de lit"... C'est en fait une façon de mieux valider son propos sur les migrants, puisqu'il précise que "l'association d'assistance aux frontières pour les étrangers s'est retirée de la zone d'attente de Roissy, infestée par les punaises de lit". Tout comme les cinémas parisiens, mais là, plus difficile pour les éditorialistes d'extrême droite de faire un lien avec l'immigration... Fait intéressant, l'article sur l'association de Roissy est le premier résultat lorsque l'on tape "punaises de lit étrangers" dans Google : quelqu'un à CNews aurait-il essayé de justifier après coup les propos de Pascal Praud ?

Suite à ces questions dignes de l'Action française, la Ligue contre le racisme a annoncé mobiliser sa commission juridique. Des députés ont saisi l'Arcom. Et les punaises de plateau télé, parasites parmi les parasites, continuent de proliférer, contaminant toujours un peu plus les médias et le débat public français.

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