Disparition d'Émile, des sommets d'indécence médiatique
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Disparition d'Émile, des sommets d'indécence médiatique

Même "ASI" fatigue un peu quand le clic l'emporte sur tout le reste

Tous les samedis, l'édito médias de Pauline Bock, envoyé la veille dans notre newsletter hebdomadaire gratuite, Aux petits oignons : abonnez-vous !

C'est une INFO BFM DICI, qui nous parvient le 12 juillet vers 16 h, soit quatre jours après la disparition d'Émile, 2 ans, au Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence) chez ses grands-parents le 8 juillet. "Selon les informations de BFM DICI, Émile n'était pas seul chez ses grands-parents le week-end de sa disparition. Une réunion de famille avait lieu, avec plusieurs oncles et tantes de l'enfant, des personnes de tout âge dont certaines mineures. Une source proche de l'enquête confirme à BFM DICI qu'une dizaine de personnes en tout passait le week-end dans la maison familiale."

C'est une information qui peut sans doute être utile à l'enquête, mais en quoi cette précision constitue-t-elle une ALERTE INFO ? On ne le saura pas. Malgré de nombreux articles qui ont déjà largement décrit la famille nombreuse du petit garçon – la Provence est allée jusqu'à nous apprendre que "leur mini-bus" est "incontournable pour se déplacer ensemble" – BFM n'apporte aucun contexte : "Au moment de sa disparition, des membres de la famille pratiquaient des activités en extérieur, déclare en plateau Valentin Doyen, journaliste de BFM DICI. Les enquêteurs doivent désormais déterminer le nombre exact de personnes qui étaient présentes dans la maison au moment de la disparition." C'était probablement déjà le cas avant cette alerte info de la plus haute importance : les enquêteurs n'ont pas appris dans les médias le nombre de personnes présentes lors de la disparition du garçon.

Tandis que les jours passent et que s'amenuisent les espoirs de retrouver Émile, sans nouvel indice quant aux circonstances réelles de sa disparition, les médias lui consacrant une couverture quasi en continu ont rivalisé d'infos "exclusives" qui n'ont rien d'informatif, et très peu d'exclusif, si ce n'est dans l'absence de compassion à l'égard de la famille de l'enfant disparu. Avait-on vraiment besoin de cette "INFO LE PARISIEN" sur "une mystérieuse trace de sang qui intéresse les enquêteurs" ? Fallait-il la publier alors qu'"une analyse ADN est en cours"... pour, au final, annoncer que "le sang relevé sur une voiture suspecte est d'origine animale" ? Le journal ne pouvait-il pas attendre le résultat des analyses, afin d'informer au lieu de sous-entendre le "mystère" ?

La catégorie des "faits divers" ne devrait pas signifier surenchère médiatique et alertes à chaque nouveau détail du dossier rendu public. Ce voyeurisme en continu est cependant devenu la norme, comme le déplorait récemment une chronique de Sherlock et Watsonne sur l'affaire Karine Esquivillon. Cette fois, c'est un petit garçon de deux ans qui est porté disparu depuis cinq jours : c'est un cauchemar pour ses proches, un sujet grave et triste qu'il convient de traiter sans verser dans une lamentable course à l'ALERTE INFO. Même l'indignation semble déplacée. À ASI, on est las et atterrés.


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