Tiens, un visage familier, sur le plateau de Sonia Mabrouk. Il tranche sur la faune de jeunes barbares des mi-journées de CNews, qu'on peine encore à distinguer les uns des autres. C'est Paul Amar. Le Paul Amar ? Lui-même, celui des gants de boxe du match Le Pen-Tapie (je vous parle d'un temps...)

Dix-sept ans déjà, depuis que France 5 lui confiait en 2008 en catastrophe la lourde tâche de remplacer Arrêt sur images, après la suppression de l'émission. Mais ce n'est plus le même Paul Amar. Ces dix-sept ans de traversée du désert l'ont sensibilisé à bien des scandales. Heureux hasard : ce sont aussi les scandales qui scandalisent CNews. 

Exemples ? Des enfants qui, lors de la journée de blocage du 10 septembre, ont jeté des pavés en mousse sur des vitrines d'agences bancaires de la paisible cité d'Aurillac (Cantal): "Je pense aux enfants des khmers rouges. C'est criminel. Même si c'est en mousse. C'est cri-mi-nel. Et emprunte aux méthodes du Hamas." Sinon, au hasard de l'actualité, un député du "bloc central" s'est déclaré prêt à voter la taxe Zucman en reconnaissant que c'est "une connerie" (selon le député). Amar : "Je suis plus âgé que vous tous, mais c'est la première fois que j'entends ça".

S'il a conservé intacte sa capacité de révolte, Amar revient dans la peau du vieux sage, devant le plateau des jeunots de CNews, et entend que ça se sache. Un spectateur attentif décèlera néanmoins des traces de sa vieille inclination pour la critique des médias, mais à la sauce CNews. A propos de la "pétition" de Philippe de Villiers contre l'immigration ("bientôt au million" assure le bandeau de la chaîne) : "ce qui me frappe, c'est le silence médiatique. Vous êtes les seuls à en parler". Surtout, scandale dans le scandale, en regard du barouf médiatique de la pétition écolo, sur le site de l'Assemblée Nationale contre la loi Duplomb (sans doute parce que ladite pétition De Villiers, dans la vraie vie, n'est assortie d'aucun contrôle des signatures, et qu'il est possible de la signer autant de fois qu'on le souhaite, ce que CNews ne précise pas, certainement faute de temps). Autre sujet d'omerta, une déclaration du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, qui aurait carrément menacé d'employer la bombe atomique contre Israël (dans la vraie vie, la citation exacte de Pedro Sanchez est ici).

L'appel d'Olivier Faure à pavoiser les mairies du drapeau palestinien le 22 septembre, jour où sera déclarée à l'ONU l'intention de reconnaître un Etat palestinien, le jour de la fête juive de Roch Hachanah ? Amar : "Là on a passé les limites de l'abject". En vrai, le nouvel an juif est célébré du 23 au 24 septembre. Mais la reconnaissance onusienne (et les drapeaux de "l'abject" Olivier Faure) sera néanmoins adoptée "à deux semaines de l'anniversaire du 7 Octobre". Sacrilège ! Scandale !

"Je sais, vu votre parcours, que vous vivez ces sujets d'une manière personnelle, charnelle" lui lance Mabrouk (Amar-le-jeune n'a "jamais été aussi heureux" qu'en tournant un 20 Heures de France 2, environné de jeunes Israéliens et de jeunes Palestiniens, lors des accords d'Oslo). "Mais c'était avant le Hamas". Scandale ultime au menu, une distribution de poulets grillés gratuits, à Paris, annoncée sur les réseaux sociaux, et victime de son succès (elle a dû être annulée). "Sans être complotiste, il y a une méthode. Réunir autant de gens, c'est assez troublant". Sans parler de l'omerta médiatique sur le sujet !