Cette fois, du côté du plan Les Palestiniens au Congo, les choses se précisent, s'effare David Pujadas, sur LCI, jeudi 4 janvier. Voici encore deux jours, c'étaient "deux ministres ultra-nationalistes, considérés comme l'extrême-droite....un peu particulière. On se disait c'est marginal, ces deux illuminés, ces deux têtes brûlées, vont être ramenés à la raison". Mais c'était il y a deux jours. "Depuis, deux autres ministres défendent cette position. Du Likoud ! Publiquement! Et des conversations rapportées indiquent que Benjamin Netanyahu  lui-même travaille à cette hypothèse. Ca parait inimaginable, mais c'est bien la réalité". En outre, "on n'entend plus Washington depuis 48 heures".

Ces deux "nouveaux ministres", l'émission nous les présente : Miri Regev, ministre des transports, et Gila Gamliel, ministre du Renseignement. S'agissant de cette dernière, elle  propose publiquement la déportation des Palestiniens depuis au moins un mois, mais le détail a dans doute échappé à Pujadas. 

D'abord, le plateau se récrie logiquement devant la monstruosité du plan.  "C'est d'une gravité extrême, s'exclame Jean Quatremer (Libération). Ca rappelle les projets des nazis. Ils donneraient raison à ceux qui accusent Israël de mener un génocide à Gaza, et à l'équivalence entre Israël et les nazis. Il faut les stopper ".

En outre, pour des raisons d'images, ce serait impossible : "on n'est plus en 1948 où ces nettoyages pouvaient se faire à l'abri des caméras et des téléphones portables" explique Isabelle Lasserre (Le Figaro). Quatremer : "après guerre, en Europe, il y a eu des échanges de population, mais c'était avant les téléphones portables, on a fait ça en cachette." On aimerait leur objecter que caméras et téléphones portables n'ont pas empêché Israël, depuis trois mois, de tuer deux dizaines de milliers de personnes, hommes, femmes, enfants, vieillards, de bloquer toute aide humanitaire, de traiter tous les Gazaouis comme des "animaux humains". Il est vrai qu'Israël a inclus dans ses cibles des dizaines de journalistes, ce qui réduit l'impact.

Et puis, pensons à la distance : 4000 km (carte à l'appui). Pensons à la guerre civile au Kivu, aux incursions du Rwanda, aux élections contestées. "En plus entre Africains et les Arabes, il y a des scènes de racisme, on le sait" rappelle Isabelle Lasserre. Claude Blanchemaison, diplomate : "je ne vois pas le président congolais se ridiculiser aux yeux de tous ses collègues africains en se prêtant à cette manoeuvre".

Alors, pourrait-on imaginer une déportation un peu plus proche ? Serait-ce moins inhumain ? De toutes manières, personne n'en veut, des Palestiniens. Non sans raison, rappelle Quatremer, qui évoque leur expulsion, dans les Années 70, de la Jordanie, où ils avaient tenté de renverser la monarchie, vers le Liban, "ce qui a déclenché 25 ans de guerre civile. La solidarité du monde arabe est verbale. Ils parlent ils parlent, ils condamnent, mais ils n'accueillent pas. Et c'est pas pour rien. On ne peut pas accueillir sur son sol des gens qui ne veulent pas s'y intégrer". Incroyables Palestiniens qui, sans aucune reconnaissance pour les pays d'accueil, sans aucune bonne volonté pour s'y "intégrer", s'obstinent à tenter de rentrer chez eux ! Si seulement ils faisaient l'effort d'être des réfugiés modèles ! 

Résumons. Un plan de déportation moins lointaine, limité à quelques centaines de milliers de personnes, serait tout de même moins inhumain, moins irréaliste, mais il est hélas rendu impossible par les intéressés eux-mêmes. Quoiqu'il en soit, la fenêtre d'Overton est encore grande ouverte. Dominique Trinquand, expert militaire, à Pujadas : "Vous parlez de cerveaux illuminés qui avaient eu cette idée. Pardonnez-moi, mais Netanyahu, c'est un cerveau illuminé !" Ah oui. On l'avait presque oublié. A force de braquer le projecteur sur des plus dingues que lui, Netanyahu semble moins dingue, comme toute solution moins dingue que le Congo, finalement, pourrait apparaître raisonnable.