Urgence : victimiser Macron !
Le matinaute
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Urgence : victimiser Macron !

Ah la belle tête de candidat des medias ! Ses couvertures de

L'Obs. Ses photos dans Match. Des meutes de journalistes et de méta-reporters accrochés à sa veste lors de la moindre de ses sorties (y compris au salon de la coiffure). Et jusqu'à la bande-annonce, ces toutes dernières heures, de la sortie de l'intolérable suspense, sa déclaration (enfin !) de candidature, annoncée pour ce mercredi matin. Car cette fois est la bonne, courageux matinautes, les télés le répètent en boucle depuis hier, à l'heure où vous lirez ces lignes, ce serait fait, Emmanuel Macron aura enfin "déclaré sa candidature". Et à Bobigny, s'il vous plait. Dans le neuf-trois. Bien joué les communicants.

Le Sytème se rongeait d'inquiétude. Hollande et Sarkozy sont cramés, Juppé est vieux, Fillon est triste : le désastre menaçait. A l'Establishment, à l'Argent, à la Finance, il fallait un visage neuf. Toutes ces bonnes fées ont donc inventé Macron. Mais à ce squatteur des Unes de L'Obs, à ce campeur des pages magazine, à ce non-candidat matraqué sur toutes les ondes, encore fallait-il tailler un costume de...victime de la classe politique (défense de rire). En ces temps de Trump-Brexit-Orban-Le Pen, le candidat des medias ne doit surtout pas apparaître comme le candidat des medias. Et, ironie de la situation, c'est aux medias qu'il appartient d'expliquer que non non non, le candidat des medias n'est surtout pas le candidat des medias.

C'est à quoi s'employait hier matin son ex-collègue candidat des medias, et nouveau supporter Daniel Cohn-Bendit, sur Europe 1. Ah le pauvre Dany. "Je suis estomaqué, incrédule, sidéré !". Et Dany de relire (on vous paie pour ça, chez Lagardère ?) une enquête du Monde du jour, recensant les vilénies de la classe politique à l'égard de Macron. Une enquête ? Une longue plainte, plutôt. Un sanglot. Après les couvertures de L'Obs, donc, et pour le cas où l'on n'aurait pas bien compris, deux des meilleures plumes du groupe Le Monde libre, Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué, ont été réquisitionnées pour bien démontrer de quelles maltraitances est victime l'enfantelet, combien la jungle est impitoyable pour le petit Mowgli. Séchant leurs larmes, Chemin et Bacqué énumèrent : pensez donc, aucun de ses amis n'a été invité à une sauterie de Matignon ; pensez donc, dans certains textos des socialistes l'appellent Microbe ; pire : Martine Aubry aurait lâché "ras le bol" ; plus grave encore : Sapin aurait estimé qu'il n'est "pas lesté". C'est le pré-Goulag. C'est Poutine en France.

Et si ce n'était que ça. Il y a aussi "les rumeurs". Les rumeurs ? Macron serait gay. Ou bisexuel. Sa vie conjugale affichée à longueur de pages de magazine ne serait que tromperie. Cohn-Bendit, du fond de son estomaquage : "Mediapart, ce grand site de gauche, ne s'est pas privé de l'interroger sur sa vie privée (...) Cette haine, c'est dégueulasse". Ah. Reprenons. La source de tout ? Une phrase attribuée par Le Point à Sarkozy (je vous laisse chercher), reprise dans L'Express et sur laquelle, en effet, Macron a dû réagir au cours d'une longue émission de Mediapart (dans laquelle, soit dit en passant, il a bel et bien mis dans sa poche la plupart de ses interlocuteurs). Pour la "dégueulasserie", c'est mince. Pour victimiser Macron, il va falloir chercher mieux.

Macron, paria de L'Obs (montage emprunté à Sebastien Fontenelle)

Màj, 17 heures : Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué précisent qu'elles n'ont nullement été "réquisitionnées", mais ont pris seules l'initiative de cette enquête.

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