Dans la hiérarchie des priorités de l'information, très loin derrière. Derrière les élections grecques, la crise qui gagne l'Italie, les dégradations de banques, la Syrie, le foot, et évidemment les aventures twitteuses de Valérie Trierweiler.

Et pourtant, elle continue de se réchauffer. Par exemple, chaque bouchée de viande que nous mastiquons réchauffe la planète. En additionnant l'énergie consommée par les exploitations agricoles, l'énergie requise par la réfrigération et le transport de la viande, on estime que la production d'un kilo de viande de veau rejette autant de gaz à effets de serre qu'un parcours en voiture de 220 kilomètres. Je ne sais pas personnellement ce que vaut cette estimation, produite par un expert, Jean-Marc Jancovici, dont nous avions nous-même relevé la non-neutralité dans le dossier. Mais elle me semble avoir au moins le mérite d'ouvrir le débat.

Gagné par la grâce (ou le greenwashing), le groupe de restauration collective Sodexo avait donc décidé d'instaurer une journée sans viande dans une cinquantaine de ses 700 cantines d'entreprises. Journée annuelle, n'exagérons rien. Mais journée annoncée par d'éloquentes affiches,

...dont celle-ci.

Que pensez-vous qu'il arriva ? Un éleveur vendéen repéra l'affiche sacrilège, et la posta sur un site spécialisé. Outrés par l'affront, une centaine d'éleveurs manifestèrent aussitôt devant le siège régional de la Sodexo à Nantes. Le président de la FNSEA se fendit d'une lettre à son homologue de la Sodexo. Lequel présenta promptement ses excuses, et rétablit dans les cantines la viande du 365e jour, à la satisfaction générale. Je découvre l'info en page 15 de Libé, sous la plume de la spécialiste environnement, Laure Noualhat. Très loin derrière l'interview exclusive de Ségolène Royal qui fait la Une, évidemment. Il y a peu de chances qu'on en parle davantage. Aucune raison, d'ailleurs: ce n'est qu'une minuscule démission ordinaire devant un puissant lobby. A moins qu'un petit tweet de qui vous savez...