Une idée neuve : l'internaute, ce travailleur
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chronique

Une idée neuve : l'internaute, ce travailleur

Tiens, une idée neuve ! Pour une fois.

Ne la cherchez pas dans vos journaux du matin, elle n'y est pas. C'est vrai qu'il ne s'agit, après tout, que de récupérer quelques milliards évaporés, pour nourrir les budgets des Etats. Où donc les récupérer, ces milliards ? Dans les caisses des fameux géants du Net, Google, Amazon, Apple et les autres. Cette idée est la suivante: il s'agirait, pour les Etats, de taxer non pas les profits, ni le trafic, mais...les données rentrées par les internautes. Cette idée est émise par deux hauts fonctionnaires français, Pierre Collin, conseiller d'Etat, et Nicolas Colin, inspecteur des finances, dans un volumineux rapport remis à Bercy vendredi dernier.

Le raisonnement de Colin et Collin est simple (et assez révolutionnaire). Le trésor de guerre des géants du Net, ce sont les données fournies par les internautes (leurs amis, leurs achats, leurs lectures, leurs consultations), qui permettent auxdits géants de leur proposer des produits, des services (et de les bombarder de pubs) toujours plus affinés. Assimilons donc ces données à un travail, effectué gracieusement par les internautes, et taxons sur cette base Google et consorts, champions toutes catégories en évasion fiscale. Mais attention: ne les taxons pas n'importe comment. Colin et Collin proposent un système de "prédateur payeur", inspiré du "pollueur payeur" de la fiscalité environnementale. En gros, taxons davantage ceux des géants qui font, de ces données, un usage non vertueux.

C'est nouveau, je le disais. C'est brillant. C'est séduisant. C'est stimulant. Ca introduit de la morale où elle n'avait pas encore pénétré. Ca apporte un embryon de réponse globale à cent questions jusqu'alors éparpillées dans le débat public (les rapports entre Google et les medias, l'évasion fiscale, la protection des libertés individuelles, etc). La proposition pose mille questions, aussi. On n'est pas du tout certain qu'elle puisse marcher. On imagine déjà les obstacles, les ripostes, les débats, la batterie d'avocats et de beaux esprits appelée en renfort des deux côtés. Bref, c'est une idée totalement, parfaitement française. Qui mériterait, en tout cas, que la machine médiatique lui accorde au moins autant de place qu'aux dégâts de la neige en janvier, ou aux aventures de Depardieu, ne serait-ce que pour comprendre si Colin et Collin sont voués au destin des Dupont(d) du numérique, ou s'ils viennent de découvrir la première idée neuve du XXIe siècle.

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