Trumpisation, trumpocène, deuxième semaine
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Trumpisation, trumpocène, deuxième semaine

Qu'on se rassure ! claironnent les radios du matin

, le mur édifié tout au long de la frontière mexicaine ne sera pas un mur tout du long. Ce pourra n'être, par endroits, qu'une "clôture". Quant aux expulsions d'immigrés illégaux, on n'expulsera finalement que les délinquants : pas plus que trois ou quatre millions de personnes, loin des onze millions promis. Finalement, il ne reviendra pas sur le mariage gay. Pas un mot, en revanche, dans cette première longue interview accordée depuis son élection, sur le réchauffement climatique. D'où l'on déduit que Donald Trump continue à penser que le réchauffement est bien un canular chinois. Que l'on soit, selon le mot de Stéphane Foucart, du Monde, entrés dans le "Trumpocène", ne semble pas déranger l'intervieweuse de CBS qui a interrogé Trump une heure durant. Le Trumpocène, "cette ère où la folie d'un seul homme pourra avoir une influence durable et irréversible sur la planète entière, et le destin de tous ses hôtes, humains et non-humains" dit Foucart.

Si "la folie d'un seul homme" sera toute puissante, si elle ne rencontrera sur sa route aucun garde-fou parlementaire ou populaire, reste à établir. Si Trump pourra sortir rapidement, comme il le souhaite apparemment, de l'Accord de Paris, reste à constater. Ce qui est en revanche avéré, c'est que le premier politicien étranger reçu par Trump depuis son élection est le pro-Brexit britannique Nigel Farage. Politiquement, le geste est cohérent. Et puis, on lit ce titre ("Farage demande à Trump de ne pas peloter la Première ministre britannique").

Et puis, on voit cette photo.

L'ensemble raconte une histoire : celle de deux immondes beaufs sexistes. Cette histoire est peut-être fausse. Peut-être, à cet instant-là, n'est-ce pas la blague de Farage sur Theresa May qui les fait rire (à en croire le Daily News, c'est lors d'une interview radio que Farage a assuré avoir conseillé à Trump "don't touch her, for God's sake" "Ne la touche pas, pour l'amour de Dieu"). Mais cette photo, dans les ascenseurs tout en dorures de la Trump tower, est une gifle au monde. C'est Sarkozy, à peine élu, se précipitant sur le yacht de Bolloré, à la puissance mille.

La conjugaison des deux, le titre et la photo, confirment qu'on a basculé dans un autre monde. Un monde qui défie ma compréhension. Un monde que je n'ai pas envie d'analyser. Alors oui, on peut toujours, comme notre ami Todd, analyser le vote Trump comme, avant tout, une rebellion populaire contre le libre-échange (c'est ici, à partir de 41 minutes). Et c'est certainement pour partie vrai. Mais il y a cette photo. Et ces rires, comme un défi à nos pauvres mots. Je me sens aussi largué qu'un journaliste du New York Times, c'est dire. Aussi désespéré qu'un journaliste de iTELE, à qui on impose de travailler avec Morandini. Les journalistes de iTELE, au moins, peuvent choisir de démissionner. Mais où est le guichet démission des habitants de la planète ?

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