Rions un peu avec Vincent Bolloré
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Rions un peu avec Vincent Bolloré

Ça faisait longtemps qu'on n'avait pas parlé de Vincent Bolloré. Bolloré poursuit France 2. On a l'habitude. Ca ne devrait plus faire un titre. Mais il y a une originalité. Bolloré ne poursuit pas France 2, et Tristan Waleckx, auteur d'un portrait de l'industriel diffusé en avril 2016 dans l'émission Complément d'Enquête, en diffamation. Il les poursuit devant le tribunal de commerce, pour "dénigrement" (l'audience se tenait lundi 26 mars). Avec, en substance, l'argument suivant : en diffusant (et surtout, en re-diffusant) cette émission, la société France Télévisions a causé du tort aux sociétés de Bolloré. Il s'agit donc d'un litige commercial. Pour prix de son préjudice, Vincent Bolloré réclame 50 millions d'euros à France Télévisions. Laquelle, en retour, lui réclame (plus modestement) 100 000 euros pour procédure abusive. Les motifs précis, et les chances de succès de cette procédure, vous étaient expliquées en détail ici.

C'est original. Tous les medias étant, peu ou prou, des entreprises commerciales, tous les industriels devraient pouvoir attaquer devant le tribunal de commerce tous les articles qui leur déplaisent.

Je prends ici le risque de prédire que Vincent Bolloré sera donc débouté. Peut-être sera-t-il même condamné à verser à France Télévisions 100 000 euros pour procédure abusive. Mais qu'est-ce que 100 000 euros pour Vincent Bolloré, qui vient d'empocher une plus-value de 1,2 milliards d'euros au terme de sa fausse OPA sur l'éditeur de jeux video Ubisoft ? Au pire, la pénalité qu'il devra verser à France Télévisions représentera donc (si j'ai bien calculé en dépit de l'heure matinale) 0,01% de sa plus-value Ubisoft.

N'empêche que chacun fait semblant de considérer qu'il s'agit d'un vrai procès. Les juges du Tribunal de commerce font semblant d'être compétents. Les avocats font semblant de plaider. Faisant semblant de plaider, l'un d'eux, par exemple, a cité, à propos de la prise de contrôle de Havas par Bolloré, quelques termes du reportage attaqué : "La purge est finie. Vincent Bolloré peut désormais faire avancer son armée de fidèles. Comme PDG d'Havas, il a fini par placer son propre fils, Yannick. La famille et les copains d'abord..."

Or pour cet avocat de Bolloré, "Yannick Bolloré n'a pas été mis là parce que c'est le fils de Vincent Bolloré. Yannick Bolloré a le droit d'être son fils et d'être compétent. On n'est pas là pour placer ses enfants, on est là pour que les entreprises se développent. Si on estime que Yannick est le meilleur pour cela, alors on le désigne".  On peut lire et relire ces lignes. On a même bien le droit d'en rire. C'est le numéro de stand up le plus cher de l'histoire de l'humour judiciaire.



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