Quelques secondes de perdition
Le matinaute
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chronique

Quelques secondes de perdition

Exceptionnellement, ce matin, ce billet est à éviter absolument par les @sinautes sérieux.

Les autres peuvent rester. Bon. Je vous dois un aveu. Il est douloureux. Il me poursuivra certainement longtemps, mais il me brûlait la langue depuis quelque temps. Comment dire ? De temps à autre, dans mon surf quotidien, entre Abidjan, Fukushima et Benghazi, eh bien il arrive que mes yeux s'égarent sur des nouvelles comme celle-ci, traîtreusement glissées au milieu de l'actualité estampillée véritable. Eh bien, que je sois damné, que le Grand Clic me croque, je clique. Exceptionnellement, bien sûr. C'est-à-dire, occasionnellement. Enfin, disons, parfois. Et non seulement je clique, mais il arrive que mes yeux, maudits soient-ils jusqu'à la millième génération, dévorent ces articles jusqu'à la dernière ligne, et que mes mains aillent fiévreusement consulter les sources dans les pires tabloïds. Sur ces sites de perdition, il peut même arriver que je me noie dans la contemplation des images offertes à profusion, et que des abîmes s'ouvrent à ma réflexion: est-il Dieu possible que le stress puisse pousser ainsi aux confins de l'anorexie ? Ne sommes-nous pas tous responsables, nous voyeurs réguliers ou occasionnels, de la pression que nous faisons subir ? Sans parler des graves questions de déontologie des médias que soulève l'article en question.

Dans ces instants de perdition, je ne me cherche pourtant pas d'alibi. Il ne s'agit même pas de trouver un sujet pour le neuf-quinze. Je n'ai même pas l'excuse de chercher à jouer les Barthes au petit pied, de dégager le vieux fond mythologique de telle ou telle évocation du stress ou de l'anxiété, de chercher des précédents à l'éternelle saga des princesses malheureuses. Seule me pousse une vaine, une stupide, une détestable curiosité. Et aussi, bien sûr, l'attrait d'un paradis facile. A portée d'un simple clic, se déploie un monde épargné par la folie des dictateurs et les fissures des centrales nucléaires, une religion parallèle que pratiquent des millions de nos semblables, une immense secte majoritaire dont nous côtoyons les adeptes dans les trains et dans les bus. Il est là, tout proche, offert, il suffit de tendre la main. Il ne serait pas étonnant que le recrutement soit, ces temps-ci, à la hausse.

Voilà, c'est dit. On n'en reparlera plus. Ca restera entre nous. De grâce, n'en touchez pas un mot aux autres (vous avez remarqué que ce billet ne comporte pas un seul nom propre, ah mais Google ne m'aura pas ! A malin malin et demi !) Mais une dernière chose. Si par extraordinaire vous vous êtes reconnus dans les lignes terrifiantes qui précèdent, alors entraidons-nous. Faisons de ce forum un forum des katodiques anonymes. Echangeons nos expériences, et tentons de trouver ensemble les techniques de libération qui nous rendront pleinement à notre statut de citoyens responsables.

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