Pujadas, et sa plante préférée
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Pujadas, et sa plante préférée

Dans le hall des bâtiments administratifs de PSA à Aulnay sous Bois, se trouve une plante verte.

Une humble plante verte, ne demandant rien à personne, et certainement satisfaite de son destin de plante verte de salle d'attente. Ou plutôt: se trouvait. Un jour d'irruption légèrement énervée de grévistes dans ledit hall, la plante fut renversée par le grand vent de l'Histoire. On ne sait pas si elle a, depuis, été rétablie dans sa position verticale. Mais on aimerait bien le savoir. Car cette plante verte, accidentée de la vie, n'est pas n'importe quelle plante verte. C'est la plante verte préférée de David Pujadas.

David Pujadas est ce présentateur de journal télévisé qui estime de sa mission prioritaire de nager à contre-courant de la "bien-pensance", laquelle "bien-pensance" impose en ce début du XXIe siècle, selon lui, de donner toujours raison "au salarié contre l'entreprise". A chaque fois qu'il se heurte à la "bien-pensance", David Pujadas se souvient de la plante verte d'Aulnay. C'est son talisman, son gri-gri, sa gousse d'ail contre les Malins de la "bien-pensance". Le voyant lancer un sujet sur la loi d'amnistie sociale votée la veille au Sénat -"les auteurs de dégradations ou de violences commises lors des conflits sociaux doivent-ils être amnistiés ?" -  hop, issue directement des archives, je savais que j'allais, avant les deux interviews rituelles contradictoires de Mélenchon et Parisot, revoir la scène insoutenable du martyre de la plante verte, gisant dans son terreau tiède encore. A force de regarder Pujadas, j'ai développé une sorte de "sixième sens plante verte". Banco. Jeudi soir elle était de retour, illustrant un commentaire qui relatait comment les grévistes de PSA ont "tout saccagé" lors de l'irruption fatale. Oui, "tout". Car la plante verte, quand souffla sur elle le grand vent de l'Histoire, eut deux compagnons d'infortune: une étagère (renversée), et un écran plat scellé au mur (descellé).

A propos de cette loi d'amnistie, Pujadas aurait pu aussi envoyer une équipe de tournage faire connaissance de Norbert Gilmez, cet employé des Charbonnages, gréviste de 1948 (oui, de 1948) dont tous les compagnons survivants ont été amnistiés hier par la même loi (l'histoire de cet autre "auteur de dégradations ou de violences", aujourd'hui âgé de 91 ans, est brièvement relatée ici). Mais non. L'amour qui lie Pujadas à sa plante martyre de PSA est un amour possessif, exclusif. Aucun tiers ne saurait s'y glisser. Aussi nous garderons-nous bien de faire quelque reproche à l'opiniâtre présentateur. Les choses de l'amour ne se discutent pas.

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