Pellerin va dégainer un amendement anti-Bolloré
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Pellerin va dégainer un amendement anti-Bolloré

Note d'espoir inattendue dans la grisaille du matin :

Fleur Pellerin, ministre de la communication, a pris les choses en main, et souhaite faire voter ce que les journalistes appellent déjà "un amendement anti-Bolloré". La responsabilité directe du nouveau patron de Canal+ dans la censure du documentaire sur le Crédit Mutuel étant avérée, la ministre fourbit ses armes. Elle l'a expliqué à plusieurs journalistes.

De quoi s'agira-t-il ? De trois mesures. D'abord, réintroduire l'obligation du respect de l'indépendance rédactionnelle dans les conventions passées entre le CSA et les chaînes privées. Certaines chaînes y ont déjà souscrit, d'autres pas. S'agissant de Canal+, l'affaire ne sera pas trop difficile. Il suffira de réintroduire dans la convention la clause qui y figurait jusqu'en 2005 et a ensuite disparu, dans des conditions mystérieuses que, malgré les efforts des plus fins limiers du pays, personne n'est encore parvenu à élucider.

Deuxième mesure : donner au CSA un droit de regard -ou de proposition ?- sur la composition des "comités d'éthique" des chaînes. Excellente chose. C'est à l'occasion de l'affaire Bolloré, que l'on avait appris avec surprise que iTélé avait un comité d'éthique. Au moins l'amendement, s'il est adopté, permettra-t-il de le revivifier, tous ses membres ayant démissionné (sauf une).

Enfin, Pellerin souhaite élargir le statut des lanceurs d'alerte aux journalistes. "Actuellement, il existe un système de protection juridique pour ces salariés" écrit hardiment Europe 1. Disons plutôt qu'il n'existe aucune protection générale, comme l'expliquait crûment Stéphanie Gibaud (ex-UBS) dans une de nos émissions récentes. Un député socialiste, Yann Galut, est censé présenter une proposition de loi dans les semaines qui viennent. Si le souci de protéger les journalistes peut accélérer les choses pour la protection des employés de banque, alors vive la protection des journalistes !

Ne faisons pas la fine bouche. La baguette magique à supprimer le pouvoir des propriétaires sur leurs médias n'existe pas. La clause d'indépendance rédactionnelle, par exemple, n'empêche pas grand chose dans les médias où il en existe une. Par exemple, elle n'empêche pas le PDG de M6, Nicolas de Tavernost, d'assumer parfaitement ne pas vouloir "dire du mal de ses clients" dans des enquêtes éventuellement dérangeantes. Mais ces trois mesures, sur le papier, vont dans le bon sens. La propriété privée des grandes chaînes de télé n'étant pas appelée à disparaître du jour au lendemain, mieux vaut quelques chiffons de papier, plutôt que rien. Sur cet amendement Pellerin, ne soyons ni exagérément optimistes, ni pessimistes. Au minimum, son parcours parlementaire permettra de braquer le projecteur sur les zones de résistance, ce qui est toujours instructif.

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