Macron, Messie des journalistes
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Macron, Messie des journalistes

"Il est 18 heures 16 quand Emmanuel Macron s'avance pour la dernière fois vers le pupitre de Bercy"

raconte le journaliste du 20 Heures de France 2. On note la précision minutée, comme s'il rendait compte de l'heure exacte du dernier soupir de Napoléon, ou de l'assassinat de l'archiduc à Sarajevo. Si France 2 tartine du Macron pendant la plus grande partie de son journal, c'est évidemment pour des raisons bassement profanes : parce que le Démissionnaire en personne est au même instant en train de non-répondre aux questions de Gilles Bouleau, sur TF1, et qu'il faut donc retenir le spectateur. Mais pas seulement.

Au-delà de toutes les raisons politiques et commerciales, il y a manifestement chez les journalistes la conviction profonde, sincère, qu'ils assistent à un moment historique. Et davantage encore. A ce niveau d'exaltation, Macron n'est plus seulement le candidat des medias. C'est leur Messie. Il est Celui qu'ils attendaient, et dont La Démission est la Bonne Nouvelle. S'ils le reconnaissent comme Messie, c'est bien sûr parce qu'il incarne leur idéologie commune (il faut réformer un système bloqué, briser les tabous, s'inscrire dans l'avenir). Mais aussi parce qu'il incarne une autre grâce médiatique : il est nouveau. Enfin un visage jeune dans la gérontocratie française !

Que Macron n'inscrive pas sa Légende dans l'actualité vulgaire, l'interview de Gilles Bouleau en est l'illustration. Bouleau n'interroge Macron que sur lui-même. Ni sur  le coup d'arrêt français aux négociations Tafta, ni sur l'accord enfin trouvé entre Lactalis et les producteurs laitiers, ni sur l'amende colossale infligée par l'UE à Apple pour abus d'optimisation fiscale, dossiers du jour qui pouvaient après tout avoir un vague rapport avec son ex-portefeuille. Le seul objet de la curiosité médiatique sur Macron, c'est son rapport à son reflet quand il se rase le matin. Rien d'autre que Macron lui-même.

Sur France 2, après dix-neuf minutes d'extase (dix-neuf minutes !) Pujadas redescend sur terre, pour se pencher enfin sur le bilan du ministre, car, concède-t-il, "c'est aussi là-dessus bien sûr que les Français peuvent le juger". Son bilan ? D'abord les bus, bien entendu, les fameux bus Macron. "Trois millions de passagers à bas prix", souligne le commentaire. Pas un mot sur la supercherie, sur ces compagnies de bus qui, après avoir piqué toutes les parts de marché possibles à la SNCF, et s'être entre-rachetées, vont maintenant tranquillement augmenter leurs tarifs. Non. Pas de sacrilège en ce jour de grâce.

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