Les Kalifat et les Knoll
Le matinaute
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Les Kalifat et les Knoll

Deux voix ce matin. D'abord celle du président du CRIF. C'est un nouveau président du CRIF. Il s'appelle Francis Kalifat. Mais il tient le discours traditionnel des présidents du CRIF. Il assène que Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen "ne sont pas les bienvenus", à la "marche blanche" prévue ce soir en mémoire d'une octogénaire parisienne, Mireille Knoll, victime d'un meurtre présumé antisémite. Marine Le Pen, ça se discuterait, mais on comprend pourquoi. Et Mélenchon ? Il ne le précise pas. Sans doute parce que Mélenchon, ou des responsables insoumis, ont émis des critiques à l'égard de la colonisation israélienne. Aux yeux du président du CRIF, cela leur interdit de s'émouvoir de la mort d'une octogénaire juive à Paris.

Et puis ce matin, au micro de Jean-Jacques Bourdin, la voix de Daniel Knoll. C'est le fils de la victime. Il n'est pas du tout sur la position du CRIF. Chacun, dit-il, est le bienvenu à la marche blanche en mémoire de sa mère.  Il a cette phrase : "le CRIF fait de la politique, moi j'ouvre mon coeur". En une phrase, une seule, il annihile le lobby auto-proclamé. En une phrase, il met à bas la représentativité des supposés porte-parole de "la communauté juive".

Sans le meurtre de sa mère, on n'aurait sans doute jamais connu Daniel Knoll. Il n'aurait jamais donné d'interview matinale à Jean-Jacques Bourdin. Il n'a sans doute pas de compte Twitter. Il n'aurait pas estimé nécessaire de mêler sa voix aux tumultes de l'époque. Il me semble, je veux croire, qu'il y a, numériquement, bien davantage de Daniel Knoll que de Francis Kalifat. Les Daniel Knoll ont des mères. Sans doute ont-ils aussi des convictions politiques, qu'ils expriment dans leurs votes, ou peut-être ailleurs, mais ils veulent simplement que leurs mères finissent leurs jours en paix. Il me semble que la question fondamentale est celle-ci : pourquoi, aux micros du matin, entend-on toujours les Francis Kalifat, et si rarement les Daniel Knoll ? 


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