Le tabou que Copé n'attendait pas
Le matinaute
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chronique

Le tabou que Copé n'attendait pas

Une demi-seconde de silence. Pas davantage.

Mais une demi-seconde qui en dit long. Sur France Inter, Patrick Cohen et Jean-François Copé, briseur de tabous à l'UMP, débattent fiscalité (et serpent de mer). Faut-il supprimer l'ISF, ou simplement le réformer, comme vient de le proposer Baroin ? Copé, machinal, dans ses rails, sort de sa manche l'une des pistes des "réformateurs" de l'ISF: l'exonération de la résidence principale. Argumentaire mille fois entendu. Eléments de langage rodés, de matinale en matinale. Copé: "quand vous êtes propriétaire de votre logement, ça ne vous rapporte pas d'argent". Cohen: "sauf que vous économisez les loyers que vous ne payez pas". Copé, toujours dans ses rails: "mais vous avez fait un emprunt pour l'acheter, votre logement. Et donc, vous payez les traites". Cohen, du tac au tac: "sauf quand vous l'avez hérité".

Et là, une demi seconde de silence. Peut-être moins. Et Copé, manifestement pris de court, dégaine l'ironie ravageuse: "oui Karl Marx disait ça très bien. Vous avez tout à fait raison. On peut supprimer l'héritage". Etc. Pour avoir simplement évoqué la réalité, contredit l'argumentaire, voilà Cohen renvoyé dans l'enfer de l'archaïsme marxiste. Mais comment a-t-on idée, en 2011, de mettre en cause l'héritage ?

Une demi-seconde de blanc, pas davantage, mais qui soudain permet d'effleurer l'impensable: la locomotive, un bref instant, est sortie de ses rails. Aussi énorme que ça paraisse, Copé n'a pas de réponse toute prête au sacrilège que vient de commettre Patrick Cohen: une mise en cause de l'héritage. Il a réfléchi à tous les tabous à dynamiter, il a dressé sa liste, il a son calendrier, il a ses argumentaires tout prêts pour déboulonner toutes les idoles, la retraite, les 35 heures, la sécurité, tout ce qu'on voudra. Mais là, ce matin-là, il vient de croiser sur sa route un tabou qu'il n'attendait pas, et qui est plus fort que lui. C'est pour ces instants, où se révèlent brutalement les limites du paysage mental de ceux qui nous assourdissent, matin après matin, c'est pour ces instants qu'il vaut la peine, malgré tout, de continuer.

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